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    La chanson populaire


        Si aujourd'hui on écoute plus que l'on ne chante, il n'en a pas toujours été ainsi. En fait, le chant fait partie de notre culture, et il existe des chansons à peu près sur tous les sujets possibles et dans tous les styles : traditionnel, politique, enfantin ...
        Durant la Révolution, les Français ont beaucoup chanté. Je n'ai transcrit ici que quelques chants, car avec la liberté de penser et de s'exprimer, la création des droits de copie et de propriété intellectuelle, ce fut un véritable raz-de-marée de chansons qui a déferlé sur la France : 3000 en 10 ans.
        Les chanteurs étaient dans les rues, les cafés, les théâtres ... Souvent, au lieu d'écrire une musique particulière pour leur texte, ils reprenaient des airs connus. Cela s'implifiait les choses et les gens pouvaient apprendre les textes facilement.

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    1789





     
    Chanson poissarde

    sur l'air de : Aisément cela se peut croire


    1er couplet

    Sais-tu Cadet que j'somm' du Tiers
    Et j'dis que j'devons en êtr'fiers
    Aisément cela se peut croire
    Sous l'fardeau trop longtemps courbé
    Le Tiers à la fin s'est regimbé

    refrain

      J'veux t'être un chien.
      Y'a coup de pieds, y'a coup de poing
      J'li cass'rais la gueule et la mâchoire.


    2ème couplet

    La Noblesse, c'est bien certain
    est comm' qui dirait, z'un'putain ;
    Aisément cela se peut croire
    Tout z'un chacun, pour son argent,
    Peut s'en bailler l'contentement.

    3ème couplet

    Faut pourtant z'être de bonn'foi,
    Ya queuqu'Nobles de bon aloi
    Aisément cela se peut croire
    Ceux-ci font les ceux qui d'abord
    Avec l'Tiers se sont mis d'accord.

    4ème couplet

    Les Nobles ont pour député
    Un princ'qu'est z'aussi d'not'côté
    Aisément cela se peut croire
    Il nous a rogné son jardin
    Malgré ça, c'estz'un bon humain.

    5ème couplet

    Tout ben vu, tout ben consulté
    Je n'demandons que d'l'équité
    Aisément cela se peut croire.
    J'voulons qu'les états généraux
    Partag' z'égal'ment les impôts.

    6ème couplet

    S'sus l'sel et l'vin j'voulons aussi
    Qu'l'impôt soit z'un peu radouci ;
    Aisément cela se peut croire
    Mettant p'us d'sel dans nos ragouts
    J'aurons p'us d'soif pour boir' queuqu'coups.

    7ème couplet

    J'voulons encor' que le commis
    Si fair' se peut, soient tous occis ;
    Aisément cela se peut croire
    Sans cess'leux esprit infernal
    S'tourne et se r'tourn' pour notre mal

    8ème couplet

    A tous ministres l'on devroit
    Montrer de Necker le portrait
    Aisément cela se peut croire
    Ca s'rait leux dir', sans leux parler
    "V'la c'tui sur qui faut vous mouler"

    9ème couplet

    Mais d'tous nos vœux, le plus ardent,
    C'est que not'Roi soit content
    Aisément cela se peut croire
    Quand s'il ne veut que not'bonheur
    J'devons l'payer par notre cœur.


    La joye de la Nation, BHVP n°12031

    Cette chanson, dans le style populaire du langage des poissonnières des Halles, est un résumé des cahiers de doléances.




     
    Motion des harangères de la Halle

    sur l'air de "Catiau dans son galetas"

    Ces grands états généraux
    F'ront-ils du brouet d'andouille ?
    Ces messieurs s'ront-ils si sots
    Que d's'en r'tourner chez-eux bredouilles,
    Quand par miracl'un bon roi
    Veut faire le bien et d'si bonne foi ? (bis)

    Si c'était nous qu'étions-là,
    On dirait "C'est d'la canaille !"
    Mais des beaux messieurs comm'ça,
    Au lieu d's'entendre, ça s'chamaille ;
    Ca bou du thé aux Anglais
    Comm' ils vont s'foute des Français. (bis)

    C'n'est pas dans les pus petites gens
    Qu'est la plus grande canaille,
    C'est dans ces chiens d'Parlement,
    Dans c'te noblesse et c'te mitraille,
    C'n'est pas leux roi, si loyal,
    Qu'ils aimont, c'est l'coffre royal (bis)

    Comm' ils faisons leux fendants,
    Ces gentis-hommes antiques,
    Dont les aïeux, il y a vingt ans,
    Etaient des seigneurs en boutique !
    Grâce à l'argent, les voici
    Pus fiers que les Montmorency. (bis)

    Ils se croyent les égaux
    D'l'Eminence et d'l'Altesse,
    Ils n'voyons pas, les nigauds
    Que la grandeur croît de leur petitesse
    Pour les singer, comme Raton,
    Vont tirer du feu les marrons ! (bis)

    Ca méprise l'tiers Etat!
    C'est l'enfant qui bat sa mère,
    Mais lasse enfin du sabbat,
    La maman s'met en colère,
    Elle empoigne son enfant,
    Et vous lui fout l'fouet jusqu'au sang. (bis)

    Au lieu d'payer ces tyrans
    N'voulant qu'pêcher en eau trouble,
    Et pus nos malheurs sont grands,
    Pus leur avidité redouble,
    Quand le feu prend aux maisons,
    Ca fait la fortune aux larrons. (bis)

    L'parti l'meilleur est l'plus court,
    Il est temps qu'tout ça finisse.
    Pour quelques gredins d'la cour,
    Faut-il que la France périsse ?
    Le peuple avec le Roi d'accord,
    Ne peut manquer d'être l'pus fort. (bis)

    Si les grands troublent encor,
    Que le diable les confonde !
    Et puisq'ils aiment tant l'or,
    Que dans leur gueule on en fonde !
    Voilà les sincères vœux
    Qu'les harangères font pour eux (bis)


    Histoire de France par les chansons, P Barbier-F. Vernillat,BN ms.fr.n°6620,na.,1789 Clé du caveau n°505


    Cette chanson en style poissard, c'est-à-ditre dans un langage imitant celui des poissonnières des Halles, met en avant plusieurs thèmes :

    1. Le peu de considération qu'a le peuple pour les bourgeois devenus nobles en ayant acheté leur titre.
    2. Les problèmes financiers du Roi viennent des courtisans et autres pensionnés du Roi.
    3. Le peuple est fidèle au Roi, il croit en lui.



     
    La prise de la Bastille

    récit historique de ce qui s'est passé dans la ville de Paris, depuis le commencement de juillet jusqu'au 13, 14, 15 et 16 du même mois de l'année 1789.

    air d'Henry IV

    Pour célébrer la gloire de nos fiers Parisiens
    Je chante leur victoire qui brisa nos liens ;
    Leur active prudence, a mis en décadenc'
    Nos secrets ennemis, pour la cause commune,
    Nos forces ne feront qu'une nous voilà réunis.

    Le monarque de France voulait faire le bien
    Le chef des Finances en offrait le moyen ;
    Mais un parti contraire prolongeant la misère
    Qui blessent les petits, à protester s'amuse ;
    C'est ainsi qu'on abuse du bon cœur de Louis.

    La mésintelligence s'empare des Etats,
    La brillante éloquence entretient les débats,
    Le peuple enfin s'irrite de voir que l'on s'agite
    Et qu'on avance à rien, il met en évidence
    Que tout sujet de France doit être Citoyen.

    Bouillant, chaud comme braise, le bourgeois de Paris
    Adresse à Louis Seize les plus pressans écrits
    Lui disant dans son trouble : Notre crainte redouble
    De voir au champ de Mars des troupes étrangères,
    Arborant leurs banières, pavillons, étendards.

    Une bande indocile de gens séditieurx
    Se portent dans la ville comme des curieux
    Mettant tout au pillage dans un accès de rage
    Qu'on ne peut concevoir, pillant grain et farine,
    Pour causer la famine, comme le désespoir.

    L'affligeante nouvelle du départ de Necker
    Donne l'essor au zèle du peuple qui le perd
    Tout est dans les allarmes, chacun s'écrie aux armes
    L'on tremble pour Paris ; au moment où nous sommes
    Plus de deux cens mille hommes, sur pied se trouvent mis.

    Le Bureau de la Ville arme tout citoyen
    Gens d'une espèce utile, et braves gens de bien :
    Pour découvrir les traîtres, on se rend bientôt maîtres
    Des lettres et paquets. Le premier que l'on ouvre
    Heureuseemnt découvre le plus noir des forfaits.

    L'on fut à la Bastille, parler au gouverneur.
    Pour qu'il nous soit utile dans ce prochain malheur
    Vingt milliers de poudre, dit-il, peut nous résoudre,
    A nous mettre à couvert. Aujourd'hui par nos armes,
    Vous et tous vos gendarmes, feraient sauter en l'air.

    Nos bourgeois intrépides, vont, remplis de valeur,
    L'hôtel des Invalides, se rend avec honneur ;
    L'on trouve en cet asyle au moins quinze à vingt mille
    Fusils et mousquetons, des bombes, des grenades,
    Espontons, hallebardes, des mortiers et des canons.

    R'tournant à la Bastille avec tous ces renforts, Delaunay
    S'entortille et fait de vains efforts ; bientôt il fait entendre
    Qu'il consent à se rendre il fait baisser les ponts ; la
    bourgeoisise entrée, soudain est massacrée par le feu des canons

    Un bourgeois de courage, le fameux sieur Hulin, les gardes
    Il encourage par un discours divin, criant, chers camarades,
    Citoyens prenons garde à ne laisser périr et massacrer
    Nos frères dans cette carrière, il faut vaincre ou mourir.

    Histoire chantée de la 1ère République 1789 à 1799 Louis Damade Paris 1892- Clé du caveau n°1051

    Cette chanson relate les événements qui ont amenés à la prise de la Bastille. Delaunay en était le gouverneur. Au lieu de se rendre, il a préféré résister. Il est intéressant de noter que dans ce texte la prise de la Bastille est attribuée aux bourgeois et non au peuple en général.




     
    Couplets sur la cocarde nationale
    18 juillet1789


    paroles de Mercier
    air de : On compterait les diamants


    J'admire la variété
    De ces rubans, de cette aigrette,
    Dont le citoyen exalté
    Embellit à l'envie sa tête.
    Emblême de l'égalité
    Une cocard'est sa marotte ;
    Le Savoyard march'à côté
    Du gentilhomme qu'il décrotte (bis)

    Chaque citoyen est guerrier,
    Cœur, fortune, amour, tout le lie,
    Chacun arbore le laurier
    Comme vengeur de la patrie ;
    Tous sont frères, tous sont égaux,
    L'astre de la liberté brille,
    Et la France, oubliant ses maux,
    Ne forme plus qu'une famille. (bis)

    Des fléaux de la nation
    Pour chasser la horde funeste,
    Il n'a fallu que l'union
    Du bleu, du rouge et du céleste ;
    Le blanc annonce la candeur
    D'âme vraiment républicaine ;
    Le bleu fait présager au cœur
    Une existence plus sereine. (bis)

    Reste le rouge, mais comment
    Lui trouverai-je une origine ?
    M'y voici, c'est que, sûrement,
    Les fleurs viendront après l'épine ;
    Peut-être encore, sexe charmant,
    Chaque preux, défendant ta cause,
    A voulu porter galament
    Ta couleur en prenant le rose. (bis)

    Femmes exaucez donc un vœu
    Dicté par le patriotisme ;
    Au blanc assortissez le bleu
    Et partagez notre héroïsme ;
    Que de leurs festons ondoyans
    La goût décore vos coëffures ;
    La cocarde de vos amants
    Doit se faire avec vos ceintures. (bis)

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

    Le 17 juillet 1789, Louis XVI se rend à Paris, il est accueilli à l'hôtel de ville par Bailly et La Fayette. Le Roi arbore à son chapeau la cocarde que lui remet Bailly.
    La signification des couleurs est variable. On peut la lire de plusieurs manières :

  • Le bleu et le rouge, couleurs de Paris, encadrent et contrôlent le blanc, couleur du Roi.
  • Le blanc, des gardes français ralliés à la Révolution est associé au bleu et rouge de la milice de Paris
  • La cocarde est devenu l'un des symboles de la République et de l'Etat français.




     
    O filii national

    air de : O filii et filiae


    Français enfin vous triomphez,
    Les noirs complots sont étouffés
    Et votre honneur subsistera.
    Alléluia.

    Avoient ensemble résolu
    D'avoir votre dernier écu
    Et de vous endosser le bât.
    Alléluia.

    Cette gueuse de Polignac
    Comptoit bien remplir son sac,
    La chambre noire en crèvera.
    alléluia

    Vous n'entendez plus crier
    Linguet, canard de ce bourbier.
    Désormais, il y pourrira.
    Alléluia.

    Jouant Dieu, vos hauts calotins
    De leurs plus perfides venins
    Croyont empoisonner l'Etat.
    Alléluia.

    A saint Tartuffe, leur patron,
    Ils avoient fait vœu, ce dit-on,
    D'agir en fils de Loyola.
    Alléluia.

    Aussi leur très digne moteur,
    La croix en main, avec ferveur,
    Sa doctrine au roi débita.
    Alléluia.

    Vos beaux messieurs les baladins
    Vouloient vous traiter en gredins.
    Mais on leur a dit, halte-là.
    Alléluia.

    Honneur, honneur aux esprits forts
    Qui rendent nuls tous les efforts ;
    Leur nom à jamais survivra.
    Alléluia.

    Bailly, Targer, Jaller, Dillon,
    Grégoire, le brave Crillon,
    Lally et nos dignes prélats.
    Alléluia.

    Mirabeau, Rabund, Chapellier,
    Barnave, Sieyès et Le Monier,
    Sur le marbre, on vous gravera.
    Alléluia.

    A Necker, réservons l'airain ;
    C'est lui qui d'une habile main
    tous ces miracles prépara.
    Alléluia.

    Pour d'Orléans et son parti
    Brûlons l'encens, car, Dieu merci,
    Avec le temps, tout se fera.
    Alléluia.

    Pour couronner un si beau jour,
    Il nous faut des brigands de cour
    Faire un fagot qu'on brûlera.
    Alléluia.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892



     
    Chanson de 1789

    air de : O filii et filiae


    Notre saint Père est un dindon
    Le calotin est un fripon,
    Notre archevêque un scélérat.
    Alléluia.

    Ces malheureux ont arêté
    Les bienfaits de sa majesté ;
    Tôt ou tard il en périra.
    Alléluia.

    A quoi sert la confession,
    Ainsi que l'absolution ?
    Le Seigneur nous la donnera.
    Alléluia.

    Le clergé s'est bien entêté,
    Le pain a toujours augmenté,
    Mais Necker le diminuera.
    Alléluia.

    Ils ont caché tous leurs trésors,
    Empilés dans des coffres-forts.
    Mais bientôt on les trouvera.
    Alléluia.

    Grand Dieu ! Mettez fin à nos maux,
    Délivrez-nous de ces corbeaux ;
    Nous chanterons des libera.
    Alléluia.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

    Deux choses dans cette chanson. La première témoigne des luttes sur le plan de la doctrine religieuse. La deuxième met en parallèle la cherté du pain et les accapareurs. Le peuple a confiance en Necker, et met en garde les accapareurs.




     
    L'abolition des privilèges
    air de : Avec les jeux dans le village


    Enfans d'un vrai peuple de frères
    Gouverné par les mêmes lois,
    Sous l'empire heureux des lumières
    Jouissez tous des mêmes droits :
    Non, la liberté n'est qu'un piège.
    Par l'avare orgueil apprêté,
    Tant que le mot de privilège
    Blesse la sainte égalité. (bis)

    Amour sacré de la partie,
    Vertu la plus chère aux grands cœurs,
    Tu fais, dans une âme flétrie,
    Naître les plus nobles ardeurs :
    Ces êtres, esclaves vulgaires
    Des préjugés et des abus,
    Aussitôt que tu les éclaires,
    Deviennent des Fabricius. (bis)

    Oui, je l'ai vu ce grand miracle
    Ici s'opérer à mes yeux :
    Qu'il est bien digne spectacle
    De frapper le regard des dieux !
    O nuit d'immortelle mémoire,
    Nuit que consacre notre amour,
    Tu dois aux fastes de l'histoire
    L'emporter sur le plus beau jour. (bis)

    Dans cet auguste aréopage
    Soudain se lèvent les vertus ;
    A l'instant le combat s'engage
    Contre les antiques abus :
    Pour avoir part à la victoire,
    Développant tous ses moyens,
    Chacun n'aspire qu'à la gloire
    Des plus grands héros citoyens ! (bis)

    Jamais l'infâme despotisme
    N'osera souiller nos regards.
    Comme aujourd'hui si le civisme
    Brille toujours dans nos remparts ;
    Songeons qu'il conserve et féconde
    Le bien, sans lui trop incertain,
    Que pour le bonheur de ce monde
    Peut enfanter l'esprit humain. (bis)

    Ce monde entier qui nous contemple
    Brûle ici de nous imiter ;
    L'honneur de lui donner l'exemple
    Est bien fait pour nous exalter :
    Prouvons-lui que de l'esclavage
    Qu'il voit à nos pieds abattu,
    Qui triomphe par le courage
    S'en préserve par la vertu. (bis)

    Que notre accord inébranlable
    Offre, législateurs unis,
    Une barrière insurmontable
    Aux efforts de nos ennemis :
    Contre eux, d'une ardeur peu commune,
    Que chaque orateur transporté
    Lance du haut de la tribune
    Les foudres de la vérité. (bis)

    Sages, que la France rassemble
    Pour concourir à son salut,
    Unissez vos moyens ensemble,
    N'ayez jamais qu'un même but :
    Aux principes toujours fidèles,
    Tous n'ayez jamais qu'un seul cœur ;
    Voilà les bases éternelles
    De sa gloire et de son bonheur. (bis)

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

    A Versailles les députés, tant bourgeois que nobles, sont inquiets à cause de la Grande Peur et pour mettre un terme aux attaques de châteaux, dans une atmosphère de peur et d’enthousiasme, à deux heures du matin, dans la nuit du 4 Août 1789, l’Assemblée Constituante vote l’abolition des privilèges, des droits féodaux et de la dîme.
    Ces privilèges étaient des droits hérités et le symbole d’appartenance à la noblesse. Ils étaient pour les paysans qui les subissaient, humiliants et économiquement insupportables. Il fallut pratiquement 4 ans après la date symbolique du 4 Août avant qu’ils ne soient définitivement abolis. Et ils ne le furent pas pour des raisons philanthropiques mais par nécessité, la Convention ayant besoin du plus grand soutien possible.
    Le premier vers du deuxième couplet, se retrouve tel quel dans la Marseillaise.




     
    La déclaration des droits de l'homme
    paroles de Tomas Rousseau
    air de : Philis demande son portrait


    Généreux et braves François,
    En vantant son courage,
    Chantez les immortels bienfoits
    De votre aréopage.
    Il s'élance à pas de géants,
    Dans sa vaste carrière
    Et rend à l'homme en débutant
    Sa dignité première.

    Prenant de tes augustes lois,
    Pour base la plus sûre,
    Tous les imprescriptibles droits
    Qu'il tient de la nature,
    Tu vas, sage législateur,
    Que j'aime et que j'admire,
    De ces lois saintes dans son cœur
    Eterniser l'empire !

    Ces droits qu'ici tu reconnois
    Sont inaliénables ;
    En France comme au Paraguay
    Ils sont impérissables :
    Apprends au despote cruel
    Qu'en traits ardens de flammes,
    Le doigt sacré de l'Eternel
    Les grava dans nos âmes !

    Oui, tous les hommes sont égaux,
    Et leurs droits sont les mêmes ;
    On ne distingue les héros
    Qu'à leurs vertus suprêmes ;
    Mais la loi qui vous pèse tous
    Dans sa juste balance,
    Mortels ne doit mettre en vous
    Aucune différence !

    Vivre libre est le premier bien
    Aux champs comme à la ville ;
    Partout on doit du citoyen
    Respecter l'humble asile ;
    Qu'un vil tyran ose tenter
    D'en faire sa victime,
    Il peut s'armer et résister
    A quiconque l'opprime.

    Dès qu'à mon prochain respecté
    On ne me voit pas nuire,
    Rien, ô ma chère liberté !
    Ne peut te circonsrire :
    Quand la loi parle, à son décret
    Je cède à l'instant même ;
    Mon plaisir, dès qu'elle se toit,
    Est ma règle suprême.

    Je puis désormais en tout lieu,
    Fidèle à ma croyance,
    Adorer et servir mon Dieu
    Suivant ma conscience,
    Ferme dans mon opinion,
    Et sans crainte des pièges,
    Braver de l'inquisition
    Les fureurs sacrilèges.

    Aujourd'hui libre de tes fers,
    Quel pays, riche France,
    Pourroit sur toi, dans l'univers,
    Avoir la préférence !
    Ailleurs on chercheroit en vain
    Le sort le plus prospère ;
    Le bonheur n'est que dans ton sein
    Ou n'est pas sur la terre.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892 - clé du Caveau n°449

    La déclaration des droits de l'homme est un texte fondamental. Par lui, les législateurs français dépassent le simple cadre territorial et temporel de la France. Ce texte a une valeur universelle. Il concerne bien plus que les Français, et il n'a pas d'âge.
    Peu importe l'endroit et le moment. Ces lois existent, un point c'est tout. Rien ni personne ne peut les changer ou les détruire.
    Les lois naturelles sont imprescriptibles, certes. Leur application est une autre histoire. Elles sont forcément génantes pour quiconque détient le pouvoir. Si les Révolutionnaires peuvent être fiers du texte de la Déclaration, il n'en est pas de même de ce qu'il en ont fait. L'exemple le plus frappant étant celui de l'esclavage. La Déclaration date de 1789, la première abolition date de 1794. Et encore, cette abolition n'eut lieu que dans le seul but de ne pas perdre Saint Domingue, où les esclaves avaient mené, avec succès, leur propre Révolution.



     
    Enfin v'la donc que le Roi
    sur l'air de "Catiau dans son galetas"


    Enfin v'la donc que le Roi
    Sapergué ! quitte Versailles
    Pour v'nir à Paris tout droit
    S'installer loin d'la canaille.
    La reine est venue aussi
    Accompagnée de leurs petits. (bis)

    Paraît qui r'fusait d'venir
    Et dansait sur nos cocardes,
    Alors il fallut l'quérir
    Et abatr' quinze ou vingt gardes.
    A la vue de nos canons
    Il devint doux comme un mouton. (bis)

    Nous l'peupl', je somm's ben content
    Que le roi soit dans notr'ville,
    J'suis pas plus rich'pour autant,
    J'ai qu'deux liardds dans ma sébile ;
    Mais j'pouvons dire qu'avec lui,
    Je possédons toujours un louis. (bis)

    Maint'nant qu'il est à Paris
    Et qu'il boira l'eau d'la Seine
    Le roi tout ragaillardi,
    F'ra l'amour à notr'souv'raine,
    Pour lui mettr', comm' dit l'curé,
    Un enfant d'chœur dans l'bénitier. (bis)

    Le cabaret de l'histoire, Guy Breton Presse de la Cité

    Cette chanson parle des journées d'octobre, où la famille royale est ramenée à Paris. La canaille du premier couplet est, bien sûr, la cour de Versailles. C'est la canaille qui a foulé à ses pieds la cocarde tricolore, lors du banquet qui a provoqué la colère des Parisiennes, alors qu'à Paris, le pain est rare.
    Le Roi, éloigné de la mauvaise influence des courtisans, et placé sous la bonne influence de son peuple, redeviendra un homme. C'est au moins ce que laisse entendre le dernier couplet.



    1790


     
    Ah ! Ca ira
    paroles de Ladré
    air de : "Le carillon national" par Bécourt


    Ah ! Ca ira (ter)
    Le peuple en ce jour sans cesse répète
    Ah ! Ca ira (ter)
    Malgré les mutins tout réussira !

    Nos ennemis confus en restent là,
    Et nous allons chanter Alléluia
    Ah ! Ca ira (ter)
    Quand Boileau jadis du clergé parla,
    Comme un prophète
    Il a prédit cela
    En chantant ma chansonnette,
    Avec plaisir on dira :
    Ah ! Ca ira (ter)
    Malgré les mutins tout réussira !

    Ah Ca ira (ter)
    Suivant la maxime de l'Evangile
    Ah ! Ca ira (ter)
    Du législateur tout s'accomplira.

    Celui qui s'élève, on l'abaissera.
    Celui qui s'abaisse, on l'élèvera.
    Ah ! Ca ira (ter)
    Le vrai catéchisme nous instruira
    Et l'affreux fanatisme s'éteindra ;
    Pour être à la loi docile
    Tout Français s'exercera,
    Ah ! Ca ira (ter)
    Malgré les mutins tout réussira !

    Ah ! Ca ira (ter)
    Pierre et Margot chantent à la guinguette
    Ah ! Ca ira (ter)
    Réjouissons-nous, le bon temps viendra.

    Le peuple français jadis "à quia"
    L'aristocratie dit : " mea culpa"
    Ah ! Ca ira (ter)
    Le clergé regrette le bien qu'il a,
    Par justice la nation l'aura,
    Par le prudent La Fayette
    Tout trouble s'apaisera,
    Ah ! Ca ira (ter)
    Malgré les mutins tout réussira.

    Ah ! Ca ira (ter)
    Par les flambeaux de l'auguste asemblée,
    Ah ! Ca ira (ter)
    Le peuple armé toujours se gardera.

    Le vrai d'avec le faux l'on connaîtra
    Le citoyen pour le bien soutiendra,
    Ah ! Ca ira (ter)
    Quand l'aristocrate protestera,
    Le bon citoyen, au nez lui rira,
    Sans avoir l'âme troublée
    Toujours le plus fort sera,
    Ah ! Ca ira (ter)
    Malgré les mutins tout réussira.

    Ah ! Ca ira (ter)
    Petits comme grands sont soldats dans l'âme,
    Ah ! Ca ira (ter)
    Pendant la guerre aucun ne trahira.

    Avec cœur tout bon Français combattra,
    S'il voit du louche hardiment parlera.
    Ah ! Ca ira (ter)
    LA Fayette dit :"Vienne qui voudra."
    Le patriotisme leur répondra
    sans craindre ni feu ni flamme,
    Le Français toujours vaincra,
    Ah ! Ca ira (ter)
    Malgré les mutins tout réussira.

    Pierre Constant Musiques des fêtes et cérémonies de la Révolution imprimerie nationale 1899

    Le "Ca ira" est une des chansons les plus connues du répertoire révolutionnaire. La chanson est ici sous sa forme originale. Elle est plus connue avec le refrain suivant :

      Ah ! Ca ira (ter)
      Les aristocrates à la lanterne ;
      Ah ! Ca ira (ter)
      Les aristocrates on les pendra ;
      Et quand on les aura tous pendus,
      On leur fichera la pelle au c...
    Ca ira était l'expression favorite de Benjamin Franklin, ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique. Il était très apprécié du peuple qui aimait beaucoup sa simplicité.
    Cette chanson fut chanté par les volontaires venus aider aux préparations de la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790.



     
    Couplets sur la fédération

    paroles de Piis
    air de : On doit soixante mille francs


    Les traitres à la nation
    Craignent la fédération ;
    C'est ce qui les désole. (bis)
    Mais aussi depuis plus d'un an
    La liberté poursuit son plan :
    C'est ce qui nous console. (bis)

    L'instant arrive où pour jamais
    Vont s'éclipser tous leurs projets :
    C'est ce qui les désole. (bis)
    Mais l'homme enfin, va, cette fois.
    Rétablir l'homme dans ses droits :
    C'est ce qui nous console. (bis)

    Il arrive souvent qu'au bois
    On va à deux pour revenir trois,
    Dit la chanson frivole. (bis)
    Trois ordres s'étaient assemblés,
    Un sage abbé les a mêlés :
    C'est ce qui nous console. (bis)

    Quelqu'uns regrettent leurs rangs,
    Leurs croix, leurs titres, leurs rubans :
    C'est ce qui les désole. (bis)
    Ne brillons plus, il en est temps,
    Que par les mœurs et les talents :
    C'est ce qui nous console. (bis)

    Ce dont on fera moins de cas,
    C'est des cordons et des crachats :
    C'est ce qui les désole. (bis)
    Mais des lauriers, mais des épis,
    Des feuilles de chêne ont leur prix :
    C'est ce qui nous console. (bis)

    On en a vus qui, franchement,
    N'ont fait qu'épeler leur serment :
    C'est ce qui nous désole. (bis)
    Qu'on le répète à haute voix,
    De bouche et de cœur à la fois :
    C'est ce qui nous console. (bis)

    La loge de la liberté
    S'élève avec activité :
    Maint tyran s'en désole. (bis)
    Peuples divers, mêmes leçons
    Vous rendront frères et maçons :
    C'est ce qui nous console. (bis)

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892


    1791


     
    Couplets sur Mirabeau

    air : La mère Michel


    Qu'tous lz'aristocrates crevions dans leur piau
    Pour notre commandant, nous avons Mirabiau :
    Buvons à sa santé tous nos cœurs sont à lui
    De note liberté c'est l'vigoureux appui.

    A Versailles, morbleu, comm'i vous a tonné
    Contre tous ces canaill' par un diable amené
    Suisses, Dragons, Hussards, avons tous décampé
    La voix de Mirabeau, z'avoit tout cannoné.

    Et d'la Banqu'route donc, comm'i vous a parlé
    C'gouffre étoit à not' porte... eh ben le v'la comblé
    Un ancien Démosthène a fait biaucoup de brit
    D'ses Athéniens ruinés ram'na-t-i le crédit.

    Quand de r'tour à Paris not'bon Roi vient cheu soi,
    Cessa-t-i d'travailler pour en faveur d'la loi
    Il émeut, il embrasse, au feu de ses discours
    D'quoi qui veuille parler, c'est Mirabiau toujours.

    Un tas de chien d'auteurs distillant leu poison
    Voudroient comme la lieur barbouiller not'raison
    Mais iz auront biau faire, iz en auront menti
    Dans Mirabiau toujours nous aurons un ami.

    Nos défunts Messeigneurs, nos Curés, nos Abbés
    I prêchent mieux que vous, vous n'serez pas écoutés :
    Il a lu l'Evangile, et connois bien vos droits
    Ministres de la paix, suivez en donc les loix.

    Minerve et Mars, c'dit-on sont tous deux frère et sœur
    Ainsi d'nous commander, i mérite l'honneur
    Nous nous en souviendrons, i ne l'oubliera pas,
    Dans la Grange Batelière, i n'trouvera point d'ingrats.

    BHVP n° 960677

    Mirabeau commandait la section de la Grange Batelière, qui se situait rue des Porcherons. Elu député du Tiers d'Aix après que la noblesse refuse de le choisir, Mirabeau qui était un formidable orateur, se tailla une belle réputation. Partisan d'une monarchie constitutionnelle, il essaya de conseiller Louis XVI qui ne l'écouta pas.
    Paris avait été divisé en 60 districts pour les élections aux Etats généraux. La Constituante réorganisa ces districts en 48 sections, où les citoyens se réunissaient en assemblée. En 1795, les sections disparurent et furent remplacées par 12 arrondissements dirigés par des conseils municipaux. C'est de là que date le découpage de Paris en forme d'escargot. Au fur et à mesure de l'extension de la ville, on rajoutait des arrondissements. Il y en a aujourd'hui 20.




     

    Chanson nouvelle - La joie du Père Duchesne sur la suppression des barrières de Paris, l'abolition des droits d'entrée & le renvoi des commis.


    air : la bonne aventure


    Français réjouissez vous,
    L'auguste assemblée
    Vient de décréter pour nous
    L'œuvre désirée ;
    Tous les commis sont à bout,
    Ils ne fouillent plus chez nous.
    Vive l'assemblée, o gué,
    Vive l'assemblée.

    Barnave, aussi Mirabeau,
    Ce sont de vrais pères,
    Ah ! Que ce jour est beau
    Dans notre hémisphère !
    Nous serons plus satisfaits,
    Plus de visites aux paquets.
    Adieu les barrières, o gué,
    Adieu les barrières.

    Nous allons boire à gogo
    Le vin et la bière
    Et l'eau de vie à plein pot,
    Provision entière ;
    Les bœufs, les vaches et les veaux,
    Le beurre et les escargots
    Adieu les barrières, o gué,
    Adieu les barrières.

    Nous allons nous divertir,
    Faire bonne chère,
    Car pour le vin de Paris,
    Ne satisfait guères,
    Pour tous ces pauvres commis
    Le fromage leur est acquis.
    Adieu les barrières, o gué,
    Adieu les barrières.

    Nous pourrons aller chercher
    Dessus les frontières
    Pour le gain, l'utilité,
    Ce qui est nécessaire,
    Sans craindre de ces commis
    L'insolence et le mépris.
    Adieu les barrières, o gué,
    Adieu les barrières.

    Pour tous nos représentants
    Ayons bien mémoire,
    D'inspirer à nos enfants
    De chanter leur gloire,
    Bénissons tous leurs travaux
    Nous n'aurons plus de bureaux :
    Ah ! la bonne affaire ! o gué,
    Ah ! la bonne affaire !

    BHVP n° 9312 - Clé du caveau n° 302

    Louis XIV avait créé l'octroi. C'est-à-dire qu'aux portes ds grandes villes il fallait payer un droit d'entrée pour les marchandises que l'on voulait vendre. La perception de l'octroi était faite par les fermiers-généraux. Ces derniers avançaient au roi le montant des impôts, puis ils le collectaient, en s'assurant bien sûr un confortable bénéfice. Les fermiers-généraux étaient détestés. Le plus connu est le savant Lavoisier, qui finit sur la guillotine.




     
    Ah ! Com' ça va
    ou, les bons Français trompés par les Noirs

    paroles de Ladré
    air : Le carillon national


    Ah ! comm'ça va (ter)
    Je ne comprends pas d'où vient la tristesse
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Est-ce que toujours on nous trahira ?

    A-t-on oublié ce que l'on jura
    Au Champ de Mars ? Quel plaisir ce jour-là !
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Pendant plusieurs jours Ah comme on dansa.

    Par de bons repas on se régala ;
    Aujourd'hui plus d'allégresse
    Et tout va cahin, caha
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Est-ce que toujours on nous trahira ?

    Ah ! comm'ça va (ter)
    Le peuple est toujours dans l'impatience
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Sans argent, il se voit presqu'aquia.

    L'ennemi dit qu'il se repentira,
    Et le Sénat dit qu'il le soutiendra,
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Puisque tout pour lui si bien commença
    Qu'il ne craigne rien, tout s'achèvera ;
    Mais une noire science
    Voudrait troubler tout cela
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Sans argent, il se voit presqu'aquia.

    Ah ! comm'ça va (ter)
    De méchants papiers nous ont fait accroire
    Ah ! comm'ça va (ter)
    L'insurrection l'on recherchera.

    Le pauvre peuple l'on embrouillera
    Mais par l'assemblée, il s'éclaircira ;
    Ah ! comm'ça va (ter)
    La calomnie en tout temps sifflera,
    Nos meilleurs soutiens elle détruira
    Mais par la suite à leur gloire
    La vérité parlera
    Ah ! comm'ça va (ter)
    L'insurrection l'on recherchera.

    Ah ! comm'ça va (ter)
    Vous lisez Français, mais sachez comprendre
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Le bon, le mauvais toujours s'écriera

    N'écoutez pas tout ce qu'on vous dira
    De mauvais conseils on vous donnera
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Où la tranquillité n'habitera
    Jamais la liberté ne jouira ;
    Laissez le noir entreprendre
    Bientôt il reculera
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Le bon, le mauvais toujours s'écriera.

    Ah ! comm'ça va (ter)
    Nous possédons la justice et la force ;
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Jamais le méchant noir ne nous vaincra.

    A nous faire battre il excitera ;
    La guerre civile il désirera ;
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Tant que la paix parmi nous durera
    Ce bel arbre que pour nous on planta
    Restera dans son écorce,
    Et son fruit l'on goûtera
    Ah ! comm'ça va (ter)
    Jamais le méchant noir ne nous vaincra.


    BHVP n° 9312
    Les Noirs de cette chanson, sont les députés contre-révolutionnaires.



     
    Chanson contre le ci-devant roi et sur les trahisons de l'exécrable Bouillé ...

    air : Catiau dans son galetas


    Français, voici le moment
    De montrer notre courage,
    Louis fausse son serment.
    Pour nous préserver de l'orage
    Restons toujours bien unis
    Et nous vaincrons nos ennemis. (bis)

    Louis étoit notre ami
    Nous le nommions notre père
    Sans rien dire, il est parti
    Hélas ! Qu'espéroit-il donc faire ?
    C'est l'exécrable Bouillé
    Qui dans la France a tout troublé. (bis)

    Dans l'affaire de Nanci
    Il eut en vain des louanges
    Croyant avoir réussi,
    Du vrai, du faux fit des mélanges
    Sous le nom de citoyen
    Ses faits montrent qu'il ne vaut rien. (bis)

    Il voudroit par ses écrits
    Faire aux Français des menaces
    On les voit avec mépris
    Les Français lui font des grimaces
    Sa clique ne nous fait pas peur
    Qu'il viennne s'il a du cœur. (bis)

    Sa clique ne nous fait pas peur
    Ce traitre est donc bien subtil
    Pour vaincre la capitale
    Sachant la route, dit-il
    Mais la force nationale
    Se mocque de ses discours. (bis)

    Qu'il craigne plutôt pour ses jours
    Bouillé se croit-il César ?
    Seroit-il un Olopherne ?
    Non, ce n'est qu'un babillard
    Un réchappé de la lanterne
    On a mis sa tête à prix. (bis)

    Qu'il viennne, qu'il vienne à Paris
    Vivre libre, c'est la loi
    De tout le peuple de France
    Mais soutenir un faux roi,
    Tout bon Français autrement pense
    Nous connoissons les vertus
    Du vice nous n'en voulons plus.

    BHVP n° 9312
    Olopherne était un général dans l'Antiquité.

    Cette chanson parle d'un des problèmes les plus difficiles pour les Révolutionnaires : la fuite du roi, le 20 juin 1791.
    Bouillé, le cousin de La Fayette, était chargé d'assurer la protection du roi pendant la fuite. Mais la berline royale avait pris du retard et il fut reconnu avant que Bouillé fût à même de le protéger.
    Bouillé, à la demande de La Fayette, s'était déjà illustré en 1790, en réprimant la révolte des régiments de Nancy, qui avaient créé des comités de soldats, adhéré au club des jacobins et fraternisé avec la garde nationale. La répression de la révolte de Nancy provoqua une émeute à Paris. La réputation de La Fayette en pâtit.
    Cette chanson est remarquable car elle montre bien les sentiments du peuple au regard de l'attitude royale. C'est la trahison d'un père envers ses enfants.





    1792




     
    Amphigouri patriotique

    paroles de Beffroy du reigny
    air du menuet d'Exaudet


    Quoi ? Vraiment !
    Mais comment ? ...
    Au contraire ! ...
    Car après ... donc par devant ...
    Hélas ! auparavant ...
    Oui-dà ! pour l'ordinaire ; ...
    Génitif,
    Ablatif,
    Concordance ;
    Indivisibilité,
    La mort, l'égalité
    Bonbance ...
    Rhétorique, astrologie,
    Escrime et théologie
    Te deum
    Berg op Zoom
    Apozème
    Syllogisme, in barbara,
    Ippecacuana,
    Scevola ! ...
    Qui va là ?

    Demosthènes,
    Aristide, Anacréon,
    Collot, Marat, Fréron ...
    Tous les faubourgs d'Athènes ...
    Massacrons,
    Et sauvons ...
    La Patrie ...
    Gens suspects, coupons le coup
    Citoyens, la bourse ou
    La vie !

    bibliothèque de l'Arsenal ; Les soirées chantantes ; RO 13953

    Curieuse chanson que cet amphigouri. L'auteur perd son auditoire par une suite impossible à comprendre car il n'y a pas de sens. C'est la fin de la chanson qui est intéressante car prémonitoire de ce qui va arriver avec la Terreur.




     
    Veillons au salut de l'Empire

    paroles de : Boy musique de : Dalayrac (1787)
    orchestration de : Gossec en 1792


    1er couplet

    Veillons au salut de l'empire
    Veillons au maintien de nos droits
                                                   lois
    Si le despotisme conspire
    Conspirons la perte des rois

    refrain

      Liberté !
      Liberté !
      Que tout mortel te rende hommage !
      Tyrans tremblez !
      Plutôt la mort que l'esclavage,
      C'est la devise des Français
      Liberté !
      Liberté !
      Que tout mortel te rende hommage !
      Tyrans tremblez !
      Vous allez expier vos forfaits
      Plutôt la mort que l'esclavage,
      C'est la devise des Français

    2ème couplet

    Du salut de notre patrie
    Dépend celui de l'univers ;
    Si jamais elle est asservie,
    Tous les peuples sont dans les fers.

    3ème couplet

    Ennemis de la tyrannie,
    Paraissez tous, armez vos bras !
    Du fond de l'Europe avilie,
    Marchez avec nous aux combats !

    Cet hymne guerrier était l'un des chants révolutionnaires officiels. Dans le deuxième couplet, l'auteur rappelle le caractère universel de la Révolution. C'est un appel aux peuples européens. La guerre est proche.




     
    Les voyages du bonnet rouge

    paroles de : Sallé

    air de : On doit soixante mille francs



    Le bonnet de la liberté
    Brille et voyage avec fierté
    En dépit des despotes. (bis)
    Sa course embrasse l'univers
    Partout il va briser les fers
    Des braves sans-culottes. (bis)

    Déjà ce signe rédempteur
    Imprime une juste terreur
    Sur le front des despotes. (bis)
    Ils s'arment en vain contre lui !
    Les sceptres tombent aujourd'hui
    Devant les sans-culottes. (bis)

    A Rome, à Londres, à Berlin,
    A Vienne, à Madrid, à Turin,
    On voit les fiers despotes, (bis)
    Sur ce bonnet, en lettres d'or,
    Lire tous l'arrêt de leur mort,
    Au gré des sans-culottes. (bis)

    L'esclave, enfant de Mahomet,
    Libre en recevant ce bonnet
    Va frapper ses despotes. (bis)
    Déjà sous les yeux du sultan
    Il bénit le nouveau turban
    Des Français sans-culottes. (bis)

    Enfin, de Paris au Japon
    De l'Africain jusqu'au Lapon,
    L'égalité se fonde. (bis)
    Tyrans, le sort en est jeté :
    Le bonnet de la liberté
    Fera le tour du monde. (bis)

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

    Le bonnet rouge, symbole de la liberté retrouvée, de la fin de l'esclavage. En lui faisant faire le tour du monde, l'auteur cherche à montrer que rien ne peut arrêter les principes universels et moteurs de la Révolution.




     
    Couplet chantés par le sage

    paroles de : Beffroy du Reigny
    air de : Ton humeur, est Catherine


    Mon Dieu ! Mon Dieu !
    Quel tapage
    Dans l'empire des Français
    Du matin au soir en transe
    Pas un instant de repos.
    Si cela durait encore
    Seulement vingt ou trente ans.
    Je crois bien que le royaume
    Pourrait s'en trouver fort mal

    Pour arranger la finance
    On aura bien du quignon ;
    C'est là le plus difficile
    Car le reste va tout seul
    Pour mieux soulager la France
    On l'inonde d'assignats
    Mais les écus de six livres
    Se conservent beaucoup mieux.

    bibliothèque de l'Arsenal n° RO 13953

    Les assignats, pour répondre aux besoins financiers, on émet des assignats. Leur valeur est basée sur celle des biens nationaux. Trop d'assignats sont émis et ils perdent de leur valeur très rapidement. En 1796, ils sont supprimés complétement.




     
    Hymne en l'honneur des Marseillais des Brestois et de tous nos braves Sans-culottes

    paroles de : Thomas Rousseau
    air de : Aussitôt que la lumière


    Honneur à l'ardeur guerrière
    Des intrépides Brestois
    Honneur à l'audace altière
    Des immortels Marseillois
    Honneur à nos sans-culottes
    Qui de courage bouillants
    Ont sabré nos Dons Quichotte,
    L'amour des honnêtes gens.

    Tant que siffle la mitraille
    Combattent les grenadiers
    Nos chasseurs à la bataille
    Volent aussi les premiers ;
    Tous pour vaincre les rebelles,
    Bravant le feu des canons
    Prouvent s'ils portent des ailes
    Que ce n'est pas aux talons.

    Dans leur rage meurtrière
    Nos vains ennemis déçus
    Mordent enfin la poussière
    Par-tout ils sont abattus :
    Vil courtisan de Versailles
    Pour mieux nous vanter tes Rois
    Viens sur ce champ de bataille
    Viens admirer leurs exploits.

    Ces malheureuses victimes
    De ton prince et de sa cour
    Pour avoir servi leurs crimes
    Ont ici perdu le jour ;
    Lâche adorateur d'un maître
    Vois du moins quel est le prix
    De tes forfaits dont le traître
    A lui seul tous les projets.

    A la voix d'un prêtre impie
    Charles, monarque-bourreau
    D'une horrible boucherie
    Réalise le tableau.
    Louis, jaloux de la gloire
    De lui donner un pendant
    Offre au pinceau de l'histoire
    Son infâme Saint Laurent !

    Peuples, quel démon féroce
    Peut donc avoir enfanté
    Le perfide sacerdoce
    Et l'affreuse royauté ?
    Pour jouir d'un sort prospère
    Osons briser à la fois,
    Le double joug sanguinaire
    Et des Prêtres et des Rois !

    La grande Bible, BHVP 18236 Clé du caveau n° 50

    1792 est une année difficile pour la Révolution, la guerre est déclarée, le jour de Saint Laurent est la journée du 10 août, où le peuple s'empare des Tuileries.




     
    La Carmagnole


    refrain

      Dansons la carmagnole
      Vive le son, vive le son,
      Dansons la carmagnole
      Vive le son du canon.



    Madame Veto avait promis (bis)
    De faire égorgé tout Paris (bis)
    Mais le coup a manqué,
    Grâce à nos cannoniers.

    Madame Veto avait promis (bis)
    D'être fidèle à son pays ; (bis)
    Mais il y a manqué,
    Ne faisons plus quartié.

    Antoinette avait résolu (bis)
    De nous faire tomber sur le cul ; (bis)
    Mais le coup a manqué
    Elle a le nez cassé.

    L'aristocrate a pour amis (bis)
    Tous les royalistes à Paris (bis)
    Ils vous les soutiendront
    Tous comm' de vrais poltrons.

    Amis, restons toujours unis, (bis)
    Ne craignons plus nos ennemis (bis)
    S'ils vienn'nt nous attaquer,
    Nous les ferons sauter.

    Oui, je suis sans-culotte, moi (bis)
    En dépit des amis du roi ; (bis)
    Vivent les Marseillais,
    Les Bretons et nos loix.

    Oui, nous nous souviendrons toujours (bis)
    Des sans-culottes des faubourgs (bis)
    A leur santé buvons
    Vive ces francs lurons.

    Pierre Constant Musique des fêtes et cérémonies de la Révolution française, imprimerie nationale 1899

    La carmagnole est probablement le chant révolutionnaire le plus connu. C'est aussi une danse. La carmagnole est chantée sous les fenêtres du roi et de la reine alors enfermés à la prison du Temple.




     
    La carmagnole du café d'Yon

    paroles de : Déduit
    air de : la carmagnole


    Louis le traître, dernier roi (bis)
    Ne nous fera danc plus la loi (bis)
    Nous l'avons suspendu
    Et le voilà déchu.

    refrain

      Dansons la carmagnole
      Vive le son, vive le son,
      Dansons la carmagnole
      Vive le son du canon.


    Madame Veto, l'mauvais sujet (bis)
    A vu manquer son noir projet (bis)
    Lamballe et ses suppôts
    Son rentrées dans l'cahos.

    Tous les Parisiens ont promis (bis)
    D'aller vaincre nos ennemis (bis)
    Les braves cannoniers
    Y seront les premiers.

    Mons Brunswic voyant Berreyer (bis)
    Ne se donnera plus quartier (bis)
    Nous les mettrons à bas,
    Lui comme ses soldats.

    Adieu nos femmes, nos enfants (bis)
    Vous nous reverrez triomphans (bis)
    Nous tuerons les Prussiens
    Et tous les Autrichiens.

    BHVP n° 18149

    Cette carmagnole est un excellent exemple de la réponse des Parisiens au manifeste de Brunswick.




     
    La trahison punie

    paroles de : Ladré
    air de : Malbrouck


    Louis seiz'est en cage
    Qu'il mange, qu'il mange du fromage
    Comm' un oiseau sauvage.
    Il faut le conserver.
    Il faut le conserver,
    Sans le laisser sauver.
    Ainsi que sa femelle
    Antoinette hipocrite et cruelle,
    Gros Louis sans cervelle,
    Par elle est attrapé.
    Par elle est attrapé
    Et le peuple trompé,
    Se lève et prend les armes
    Pour cesser, pour cesser les allarmes ;
    Louis dans ces vacarmes,
    Croyoit être vainqueur.
    Croyoit être vainqueur,
    Mais les suppôts sans cœur,
    Voyant que la patrie
    Des Suisses punit la barbarie ;
    En craignant pour leur vie,
    Ils se sont tous cachés.
    Ils se sont tous cachés,
    Etant bien retranchés,
    La famille sacrée
    Se sauve, se sauve à l'Assemblée
    E'le y fut condamnée,
    De monter à la tour,
    Des folles à l'entour,
    Madame à sa tour monte
    Toute en rage et confuse de honte
    Gros Louis se démonte
    De se voir en prison,
    De se voir en prison,
    Et n'a-t-on pas raison,
    De punir ce grand traître,
    Qui vouloit toujours seul être maître,
    Mais on lui fait connaître
    Qu'il n'est plus rien du tout,
    Qu'il n'est plus rien du tout.
    Il peut chanter Malbrouck
    Et sa femme Antoinette
    Ne peut plus rien tramer en cachette.
    Son ami La Fayette
    Est connu traître aussi,
    Est connu traître aussi.
    Ah ! s'il venait ici
    S'il faut qu'on nous l'amène
    Mironton, ton ton, mirontaine
    S'il faut qu'on nous l'amène,
    Il sera raccourci.

    BHVP n° 9312

    Sur un air très populaire, qui montre bien quel est le public visé par cette chanson, on rapelle les "méfaits" du Roi. Celui-ci est traité avec une grande désinvolture de ton, et la reine sert de bouc-émissaire aux erreurs de jugement du roi.
    La Fayette n'est pas oublié dans l'histoire. Pour ne pas être raccourci comme promis, il se rend à l'ennemi. Il ne rentre en France que sous Napoléon. Il vit alors dans une retraite doré et est écarté de la vie politique. Il réapparait en 1830, pour draper Louis-Philippe dans le drapeau tricolore.




     
    Au ci-devant Roi

    air de : Ce fut par la faute du sort


    Monarquie autrefois si fêté,
    Des bons François, l'unique idole,
    Pour avoir trop mal écouté,
    Tu fréquentas mauvaise école,
    Souviens-toi de cette leçon,
    Tu viens de ternir ta mémoire.
    Réfléchis bien dans ta prison
    Que vertu seule fait gloire.

    Le bonheur eût filé tes jours ;
    Que ta conscience en décide,
    Les rois nés bons le sont toujours
    Quand la vertu devient leur guide.
    Si ton sort fut d'être abusé,
    Les François ne veulent plus l'être ;
    Pour ce que tu nous a causé,
    Apprends comme on punit un traître.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

    Où il est rappelé au roi qu'il a mal choisi son camp.




     
    Le divorce

    dialogue entre Mme Engueule, Mme Saumon, harangères et M. Mannequin, fort de la halle


    air de : Les marigniers d'la guernouillère ou : On doit soixante mille francs


    Mme ENGUEULE
      J'aurons l'divorce, ma commère,
      En dépit de nos calotins.
      Avec leux quatre mots latins
      Du mariage, ils font eunn'galère.
      Et l'sacrement nous plonge encor,
      Au fond d'l'enfer, après la mort.

      Jeune brebis douce et gentille
      Tombe à vieux vilain loup garou
      On met du dur avec du mou
      Pour l'intérêt de la famille
      La jeune fille ne veut pas
      Mais papa l'veut ; faut sauter l'pas.

      C'te pauvre enfant qu'on tyrannise
      Obéit, et n'ose pas broncher.
      Comme l'agneau va cheux l'boucher,
      Telle elle va triste à l'église.
      Sa bouche y dit, oui, son cœur, non,
      V'la qu'est bâclé ; l'mariage est bon.

    Mme SAUMON
      N'y a pu moyen de s'en dédire,
      Par l'indissolubricité,
      Du bon Dieu, c'est la volonté
      Qu'all souffre un éternel martyre,
      V'la comm'vous raisonne un cagot,
      Qui d'son Dieu fait un ostrogot.
    Mme ENGUEULE
      Faut d'la vertu, pu gros qu'un ange,
      Pour que l'mâtin n'soit pas cocu :
      Bientôt la tête emporte l'cul,
      Faut ben gratter où ça démange,
      Un galant gratte, et par un sort,
      V'la qu'ça démange encor pu fort.
    Mme SAUMON
      Pour la vertu faut être libre
      L'choix qu'on fait soy même est l'seul bon,
      L'mariage est comme le canon
      Faut qu'son boulet soit de qualibre,
      Sinon il rate ou porte à faux
      Et c'est j'ter sa poudre aux moignaux.
    Mme ENGUEULE
      Avec l'divorce mon chien d'homme
      N'me f'ra pu tant son embarras ;
      Il n'vendra plus jusqu'à nos draps
      Pour payer ses d'misquiés d'rogôme ;
      Il sçaura que j'peux l'planter là
      Et ça seul le corrigera.
    Mme SAUMON
      Et l'mien donc, qui porte à sa gueuse
      C'que j'gagne, et jusqu'à mes jupons.
      J'en f'ray justice, j't'en réponds.
      Tu verras c'te belle engueuseuse,
      Drès que l'divorce sera v'nu,
      Les yeux pochés, et l'cul tout nu.
    JEAN MANNEQUIN
      Quel gyrie et quel bavardage
      S'lon vous tous l'zhommes sont des gueux.
      Vous raisonnés l'a touttes deux,
      Comme des con-seillers d'village,
      Si chez nous, l'y a ben des coquins
      C'est qu'chez vous l'y a ben des catins.

      Nous faut l'divorce, pour bien faire,
      Luy seul rendra l'mariage heureux.
      Quand on peut s'quitter tous les deux
      On y prend garde, on cherche à s'plaire.
      Com ça j'verrons moins d'libertins
      Moins de cocus, moins de catins.

      D'ailleurs que f'roient les droits de l'homme
      Sans l'divorce point d'liberté.
      Leux indissolubricité
      Est eune chaîne all vient de Rome,
      J'lavons traînée assez long-temps ;
      Plus d'chaîne, et qu'les Français soient francs.



    La joye de la nation BHVP n° 12031

    La loi permettant le divorce est certainement un grand pas en avant pour les femmes. Cependant, comme elle a été votée par des hommes, on peut se demander si ce n'était pas à eux qu'ils pensaient en le faisant.




    1793




     

    Parodie sur la complainte de Louis Capet

    chansons des rues dédiées aux vrais républicains, choisies et chantées par les citoyens Bellerose et Bien Aimé, son cousin, chanteurs sur le Pont au Change, seuls renommés pour les belles ariettes.


    air de : Pauvre Jacques



    O bon peuple que n'a-t-il donc pas fait,
    Ce roi sans vertus, sans justice
    Parjure ingrat qui vous fit son jouet
    Il méritait bien son supplice. (bis)

    Dans une cour infâme et lointaine
    Français il a pris la naissance
    Et des forfaits que nous connaissons tous
    Ont environné son enfance.

    A son hymen la France avec effroi
    Du Ciel remarqua la colère ;
    Et le flambeau de l'hymen de son roi
    Fut une torche funéraire.

    O bon peuple que n'a-t-il donc pas fait,
    Ce roi sans vertus, sans justice
    Parjure ingrat qui vous fit son jouet
    Il méritait bien son supplice. (bis)

    Monté sans gloire à ce trône éclatant
    Il y traina sa longue enfance
    Dans les cahots d'un état chancelant
    Qui courrait à la décadence.

    O bon peuple s'il avait hérité
    De nos fureurs et de nos peines
    Eut-il frémi lorsque la liberté
    Vint briser nos antiques chaînes. (bis)

    Sous ton seul nom, les ministres cent fois
    Ont fait le malheur des familles ;
    Et quand le peuple a repris tous ses droits
    N'a-t-il pas vidé les bastilles ?

    O bon peuple que n'a-t-il donc pas fait,
    Ce roi sans vertus, sans justice
    Parjure ingrat qui vous fit son jouet
    Il méritait bien son supplice. (bis)

    Henri fut bon quoiqu'un peu libertin,
    Nous lui pardonnons ses faiblesses ;
    Mais prince ivrogne et princesse catin
    Font plus de mal que cent maîtresses.

    O bon peuple s'il avait hérité
    De nos fureurs et de nos peines
    Eut-il frémi lorsque la liberté
    Vint briser nos antiques chaînes. (bis)

    Tu veux les voir ceux qu'ont tués tes mains
    Tes deux palais, Avignon, Nîmes,
    Nos bois, nos champs, nos villes, nos chemins,
    Sont tous couverts de tes victimes.

    O bon peuple que n'a-t-il donc pas fait,
    Ce roi sans vertus, sans justice
    Parjure ingrat qui vous fit son jouet
    Il méritait bien son supplice. (bis)

    Vois-tu rugir cette meute de rois
    Tes frères, tes lâches complices ?
    De note sang avides, à ta voix,
    Ils s'y baignent avec délices.

    O bon peuple s'il avait hérité
    De nos fureurs et de nos peines
    Eut-il frémi lorsque la liberté
    Vint briser nos antiques chaînes. (bis)

    Pleure Louis, à l'heure de ta mort,
    D'avoir désolé la patrie,
    Tous les Français pourront long-temps encor
    Pleurer les crimes de ta vie.

    O bon peuple frappe et détourne les yeux
    Il a trop mérité sa peine
    Un roi parjure est l'opprobe des Cieux
    Et la terre lui doit sa haine.

    BHVP n° 18149 - Clé du caveau n° 444

    Cette chanson est chantée après l'exécution du roi. Louis XVI est arrivé sur le trône car ses frères ainés sont décédés. Il est le successeur quand Louis XV meurt. Louis XVI n'a pas été éduqué pour être roi. Cela se ressent dans sa manière de gouverner. S'il est intelligent, il manque de fermeté, d'envergure, et il est facilement influençable.
    Dans cette chanson, la reine n'intervient pas. Louis XVI est présenté comme le seul responsable.




     
    La marmotte en vie

    paroles et musique de : Ducray-Duminil


    J'ai quitté la montagne
    Où je naquis jadis
    Pour courir la campagne
    Et venir à Paris.
    Ah ! voyais donc la marmotte,
    La marmotte en vie,
    Ah ! donnais queuqu'chose à Javotte
    Pour sa marmotte en vie. (ter)

    De village en village
    Je m'en allai tout droé
    Portant petit bagage,
    Criant dans chaque endroé :
    Ah ! voyais donc la marmotte,
    La marmotte en vie,
    Donnais queuqu'chose à Javotte,
    Pour sa marmotte en vie.
    Ah ! voulais-vous voir la marmotte,
    La marmotte en vie,
    Ah ! donnait queuqu'chose à Javotte
    Pour sa marmotte en vie.

    Quand je fus à la barrière,
    Un commis m'arrêta
    M'disant jeune étrangère
    Que portez-vous donc là ?
    Ah ! monsieur c'est la marmotte,
    La marmotte en vie,
    Donnais queuqu'chose à Javotte,
    Pour sa marmotte en vie.
    Ah ! voulais-vous voir la marmotte,
    La marmotte en vie,
    Ah ! donnait queuqu'chose à Javotte
    Pour sa marmotte en vie.

    Passais, la jeune fille
    Avec ce petit bien
    Quand on est si gentille
    Au Roé l'on ne doit rien
    Allais criai la marmotte
    La marmotte en vie,
    D'mandais queuqu'chose pour Javotte,
    Pour sa marmotte en vie.
    Ah ! voulais-vous voir la marmotte,
    La marmotte en vie,
    Ah ! donnait queuqu'chose à Javotte
    Pour sa marmotte en vie.

    Un beau monsieur me r'garde
    Puis s'arrête tout doux,
    "La belle Savoyarde
    "Montre moi tes bijoux ?
    "Ah ! voyons donc c'te marmotte
    "C'te marmotte en vie,
    "J'donnerai queuqu'chose à Javotte
    "Pour sa marmotte en vie,
    "Ah ! montre-moi ta marmotte
    "Ta marmotte en vie,
    "Oui, j'donn'rai queuqu'chose à Javotte
    "Pour sa marmotte en vie."

    Moi, sans plus de mystère
    Soudain le satisfis :
    Il ouvr'son aumonière
    Puis comptant ses Louis
    "Ah ! prête-moi ta marmotte
    "Ta marmotte en vie,
    "J'donnerai tout c't'or à Javotte
    "Pour sa marmotte en vie
    "Ah ! prête-moi ta marmotte
    "Ta marmotte en vie,
    "Oui, j'donn'rai tout c't'or à Javotte
    "Pour sa marmotte en vie."

    Que faire, pauvre fille !
    En voyant tant d'argent ...
    D'aise mon cœur pétille,
    J'accepte le présent ...
    Prenais, prenais, la marmotte
    La marmotte en vie ...
    Donnais, donnais à Javotte
    Pour sa marmotte en vie :
    Ah ! caressais donc la marmotte,
    La marmotte en vie,
    Ah ! donnais, donnais à Javotte
    Pour sa marmotte en vie.

    Mais ce bien que regrette
    Il me l'prit pour son or.
    N'ai plus que la coffrette
    Où gardais ce trésor.
    Ah ! j'ai perdu la marmotte,
    La marmotte en vie.
    C'en est fait pauvre Javotte
    D'la marmotte en vie.
    Ah ! oui j'ai perdu la marmotte
    La marmotte en vie,
    C'en est fait pauvre Javotte
    D'la marmotte en vie.

    BHVP n° 135032

    Javotte est Savoyarde. A cette époque la Savoie n'est pas française. La montagne est trop pauvre pour nourrir tous ses enfants et tous les ans des jeunes la quittent pour aller exercer des petits métiers à Paris. Ils emmènent avec eux une marmotte. Ils mendient en la faisant danser.
    La ville est dure pour les jeunes filles, et la pauvre Javotte finit par y laisser sa vertu.




     
    Chant patriotique
    en bouts rimés, en réponse au chant soi disant républicain des rebelles de l'Eure et du Calvados.
    à tous les bons Français


    air de : La Marseillaise


    Français il n'est plus de Neustrie
    Ainsi l'ont décidé nos loix ;
    La France c'est l'unique patrie
    Dont il faut écouter la voix, (bis)
    Des Normands on vante la gloire
    J'en vois mille traits renaissants
    Leur loi fut d'envahir nos champs.
    Nous asservir fut leur victoire.
    Buzot et Barbaroux,
    Voilà les vrais brigands,
    Français, Français,
    Exterminez
    Ces restes de Normands.

    Dans leur faction parricide,
    Trente et quelques petits tyrans,
    Pour suivre un projet homicide,
    Vont rendre nos foyers sanglants ; (bis)
    Bon peuple tu deviens rebelle
    Pour ceux qui trahissent tes droits,
    La justice a rendu ses loix,
    Le factieux fuit devant elle.
    Buzot et Barbaroux,
    Voilà les vrais brigands,
    Français, Français,
    Exterminez
    Ces restes de Normands.

    Ont-ils montré cette énergie
    Qui ne peut supporter les rois ?
    Non, ils aiment la tyrannie,
    Pour eux, vous subissez ses lois, (bis)
    Qu'importe le fier Robespierre ?
    Un homme ne fait pas l'Etat,
    Qu'importent Danton et Marat ?
    C'est le cri de la France entière.
    Buzot et Barbaroux,
    Voilà les vrais brigands,
    Français, Français,
    Exterminez
    Ces restes de Normands.

    Paris, ville toujours superbe,
    Poursuis ces serpens odieux,
    Qui fuyent en rampant sous l'herbe
    Puis lèvent un front orgueilleux, (bis)
    Tu t'arme ... La France respire,
    La faction pâlit d'effroi,
    Et sous le glaive de la Loi
    L'affreux fédéralisme expire.
    Buzot et Barbaroux,
    Voilà les vrais brigands,
    Français, Français,
    Exterminez
    Ces restes de Normands.

    Console-toi Sainte Patrie,
    Il te reste sept cents vengeurs,
    Des tyrans et de l'anarchie,
    Leurs Décrets vont être vainqueurs (bis)
    Complices de maintes victimes,
    Les factieux seront punis,
    En vain nos cruels ennemis
    Auront salarié nos crimes.
    Buzot et Barbaroux,
    Voilà les vrais brigands,
    Français, Français,
    Exterminez
    Ces restes de Normands.

    Français, Nation bonne et fière,
    Levez-vous, marchez vers le Nord ;
    Ecrivez sur votre bannière :
    AUX FEDERALISTES LA MORT ! (bis)
    Et toi, Caen, ville hospitalière,
    Chasse ces faux Représentants,
    Aux bons Français reconnaissants,
    Cette action sera bien chère.
    Buzot et Barbaroux,
    Voilà les vrais brigands,
    Français, Français,
    Exterminez
    Ces restes de Normands.

    BHVP n° 963255

    En 1790, les anciennes provinces sont supprimées et la France est divisée en départements. En 1792, c'est la révolte fédéraliste, les départements de Normandie, de Bretagne, de Franche Comté, d'Aquitaine et de Provence se soulèvent contre la volonté centralisatrice des Montagnards. C'est-à-dire qu'il ne veulent pas que Paris ait tout le pouvoir. Les fédéralistes ne sont pas contre la Révolution, ils veulent que chaque region conserve le pouvoir pour ce qui la concerne directement. Buzot et Barbaroux sont des meneurs de cette révolte.



     
    Conseils aux Sans-culottes ou, Remettez vos culottes

    paroles de : Despréaux
    air de : On doit soixante mille francs


    Rhabillez-vous peuple françois
    Ne donnez plus dans les excès
    De nos faux patriotes ;
    Ne croyez plus que d'être nu
    Soit une preuve de vertu ;
    Remettez vos culottes.

    Distinguez donc l'homme de bien
    Du paresseux et du vaurien,
    Et des faux patriotes.
    Peuple honnête et laborieux,
    Ne vous déguisez plus en gueux ;
    Remettez vos culottes.

    Ne jugez jamais par l'habit
    Du sot ou de l'homme d'esprit,
    Ni des bons patriotes.
    Bourgeois, rentiers, richards, marchands,
    Feroient périr mille artisants
    S'ils alloient sans culottes.

    N'imitez plus, il en est temps,
    Ces populaires charlatans
    Pillant les patriotes.
    Dieu fit l'industrie et les mains
    Pour faire vivre les humains
    Et gagner des culottes.

    De l'homme soutenez les droits,
    Mais sans désobéir aux loix,
    Soyez bon patriotes.
    Concitoyens, sans vous fâcher,
    Cachez ce que l'on doit cacher :
    Remettez vos culottes.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892



     
    Un pain d'quatr'livres
    par un chanteur des rues

    air de : Nous n'avons plus qu'un temps à vivre


    Nous n'avons plus qu'un pain d'quatr'livres
    Femme mangeons le gaîment;
    Quoi qu'il en soit pour not'vivre
    Tâchons qu'il dure un peu longu'ment.

    A la ville comme au village
    Un chacun pens'au lendemain ;
    Le plus fou passe pour un sage,
    Lorsqu'il se réserve du pain.

    refrain

      Nous n'avons plus qu'un pain d'quatr'livres
      Femme mangeons le gaîment;
      Quoi qu'il en soit pour not'vivre
      Tâchons qu'il dure un peu longu'ment.

    Chassons loin de nous la chimère
    On n'a pas toujours du fricot ;
    Tu ne me réponds rien, ma chère,
    Dis-moi, qu'en penses-tu Margot !

    refrain

    Va, prends mes guenill's et ta cotte
    Et les port' au Mont de Piété ;
    Demain nous ferons la ribotte,
    Pour aujourd'hui ça fait raté.

    La goguette ancienne et moderne, choix de chansons, 3ème édition, Paris, chez Garnier frères, libraires - Clé du caveau n° 408

    Le pain est la base de l'alimentation. Son prix augmente tellement que les ouvriers ne peuvent plus en acheter. Un pain de quatre livres valait alors 12 sous quand le salaire journalier d'un ouvrier était de 20.
    Le Mont de Piété est devenu le Crédit Municipal, qui existe toujours. C'est un organisme de prêt sur gages. On dépose des objets personnels contre une somme qu'il faut rembourser. Si le prêt n'est pas remboursé, on perd ce que l'on a déposé. Cette manière d'obtenir de l'argent est très ancienne. Déjà au moyen âge, les Juifs prêtaient de l'argent de cette façon, quand les gens du peuple avaient besoin d'argent en espèces, surtout pour payer leurs impôts.
    En 1793, pour empêcher que des émeutes n'éclatent, la Convention fixe un prix maximum pour le pain.





    1794





     
    Complainte des émigrants français

    air des Pélerins de Saint Jacques


    Ah ! quand nous partîmes de France
    Tout allait bien.
    Tout brillans et dans l'opulence,
    Aujourd'hui rien ;
    Nous n'avons ni bas ni souliers,
    Montrant nature,
    Nous sommes tous des chevaliers
    De la triste figure.

    Jadis nous avions droit de chasse
    Sur tous les champs.
    On nous distinguait de la masse
    Des paysans ;
    Mais à présent plus gueux, sans pain,
    Que rats d'église
    Nous ne chassons plus le lapin
    Que dans notre chemise.

    On met nos terres au pillage,
    Et nos châteaux
    On nous les vend, on les partage
    En cent morceaux.
    Hélas, il ne nous reste plus
    Que la misère
    Et gentils-hommes devenus
    Cousins de Jean-sans-terre.

    Nous avons perdu tous nos titres
    Et nos grands noms.
    Pour avoir trop cassé les vitres
    Nous endurons.
    Nous sommes marquis mis à bout
    Pour nos allures.
    Des comtes à dormir debout
    Puisqu'on vend nos couchures.

    Adieu toute noblesse antique
    Adieu blason.
    Quand un peuple est en république
    Plus d'écusson.
    Nous sommes chevaliers errans
    Et sans ressource,
    Nous ne voyons plus d'écus blancs
    Dans notre pauvre bourse.

    Nous, cadédie de la Gascogne,
    Qu'avons-nous fait ?
    Voilà donc de notre besogne
    Le bel effet !
    O bannissement trop cruel !
    De nous personne
    N'ira donc plus , de son castel,
    Pisser dans la Garonne.

    Pour notre intrépide arrogance
    Ah ! nous souffrons !
    Quand nous approchons de la France
    Nous reculons.
    Car si nous osons y rentrer,
    Nos pauvres têtes
    La guillotine fait tomber,
    Voilà donc nos conquêtes !

    Almanach chantant BHVP n° 601664 - Clé du caveau n° 727

    A part la très haute noblesse, la majorité des émigrés ont tout perdu en quittant la Fance. Après la Terreur, un certain nombre revient en France, mais la situation a bien changé pour eux.



     
    Couplets pour les prêtres réfractaires
    air des Pélerins de Saint Jacques


    Nous autrefois si contents d'être
    Riches prélats
    Il faut donc de notre bon maître
    Suivre les pas ?
    Des philosophes séculiers
    A la tribune,
    D'évêque nous ont fait meuniers
    Ainsi va la fortune.

    Autrefois nous étions en France
    Comme des Dieux
    Mais le peuple dans l'ignorance
    Ouvre les yeux ;
    Nos saintes bénédictions
    Pour eux sont nulles
    Des excommunications
    Ils déchirent les bulles.

    Pour avoir écouté le Pape,
    Nous voilà pris,
    Il est pour nous Monsieur j'attrape
    Notre pays ;
    Hélas ! nous ne reverrons plus !
    Quelle absence,
    Il nous faut donc, comme Jésus
    Vivre dans l'indigence.

    Almanach chantant BHVP n° 601664

    La Constituante résout la question de l'entretien du clergé par la Constitution civile du clergé en 1791. Les clercs doivent prêter serment à la nation, la loi et le roi. Le Pape refuse d'accepter cette prise de contrôle du clergé par les Révolutionnaires. Il interdit aux clercs français de prêter serment
    L'abbé Grégoire est un des premiers à prêter serment mais dans le haut clergé, seulement 2 évêques sur 44 prêtent serment. Et encore l'un d'eux est Talleyrand. En avril 1793, les prêtres refractaires sont bannis et déportés de France.



     
    Couplets des patriotes du Faubourg Saint-Antoine

    paroles : citoyen Radet
    air de : Aussitôt que la lumière


    Une horde despotique
    Se rassembla contre nous,
    Dans la forteresse antique,
    Objet de notre courroux :
    Mais notre bouillante audace
    Sur les traîtres l'emporta,
    Et l'on cherche ici la place
    Où la Bastille exista.

    C'est au Faubourg Saint -Antoine
    Que naquit la liberté ;
    Elle est notre patrimoine
    Et notre divinité.
    Le courage, la sagesse
    L'y maintenant désormais,
    Elle y grandira sans cesse
    Et n'y vieillira jamais.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

    Tout autour de Paris, on trouve les Faubourgs. C'est à celui de Saint-Antoine, autour de la Bastille, qu'éclatèrent les premiers troubles en 1789.
    Dans ces Faubourgs, on trouve tout un peuple d'ouvriers, d'artisans, pour qui les valeurs républicaines représentent beaucoup. Ce peuple cependant, manque du "raffinement intellectuel bourgeois" et, fait peur à la bourgeoisie au pouvoir car les sans-culottes sont armés. Après la révolte de 1796, suite au terrible hiver et au manque de pain, les sans-culottes des Faubourgs sont désarmés. Après cela, il faut attendre 1830 pour que le peuple se révolte à nouveau.




     
    Le chant du départ
    paroles de : Marie-Joseph Chenier
    musique de : Méhul
    en ligne musique au format Réal audio hors ligne
    UN REPRESENTANT DU PEUPLE
      La victoire en chantant nous ouvre la barrière
      La liberté guide nos pas
      Et du Nord au Midi la trompette guerrière
      A sonné l'heure des combats
      Tremblez ennemis de la France
      Rois ivres de sang et d'orgueuil !
      Le peuple souverain s'avance
      Tyrans, descendez au cercueil
      La République nous appelle ;
      Sachons vaincre ou sachons périr !
      Un Français doit vivre pour elle,
      Pour elle un Français doit mourir.
      bis
    CHOEUR DES GUERRIERS
      La République nous appelle ;
      Sachons vaincre ou sachons périr !
      Un Français doit vivre pour elle,
      Pour elle un Français doit mourir.
    UNE MERE DE FAMILLE
      De nos yeux maternels ne craignez point les larmes ;
      Loin de nous de lâches douleurs !
      Nous devons triompher quand vous prenez les armes ;
      C'est aux rois à verser des pleurs.
      Nous vous avons donné la vie ;
      Guerriers, elle n'est plus à vous ;
      Tous vos jours sont à la patrie ;
      Elle est votre mère avant nous.
    CHOEUR DES MERES DE FAMILLE
      La République nous appelle ;
      Sachons vaincre ou sachons périr !
      Un Français doit vivre pour elle,
      Pour elle un Français doit mourir.
    DEUX VIEILLARDS
      Que le fer paternel arme la main des braves ;
      Songez à nous aux Champs de Mars ;
      Cansacrez dans le sang des rois et des esclaves
      Le fer béni par vos vieillards ;
      Et, rapportant sous la chaumière
      Des blessures et des vertus,
      Venez fermer nos paupières,
      Quand les tyrans ne seront plus.
    CHOEUR DES VIEILLARDS
      La République nous appelle ;
      Sachons vaincre ou sachons périr !
      Un Français doit vivre pour elle,
      Pour elle un Français doit mourir.
    TROIS GUERRIERS
      Sur le fer, devant Dieu, nous jurons à nos pères,
      A nos épouses, à nos sœurs,
      A nos représentants, à nos fils, à nos mères,
      D'anéantir les oppresseurs.
      En tous lieux, dans la nuit profonde
      Plongeant la féodalité,
      Les Français donneront au monde
      Et la paix et la liberté.
    CHOEUR GENERAL
      La République nous appelle ;
      Sachons vaincre ou sachons périr !
      Un Français doit vivre pour elle,
      Pour elle un Français doit mourir.


    Pierre Constant Musique des fêtes et cérémonies de la Révolution française, imprimerie nationale 1899

    Hymne très guerrier, le chant du départ est l'un des hymnes révolutionnaires les plus connus. l'auteur fait habilement intervenir les éléments de la famille. La République est la mère de tous. Cet hymne reprend les thèmes républicains favoris : La liberté ou la mort, l'universalité de la Révolution.




    1795




     
    Le réveil du peuple

    paroles de J-M Souriguière
    musique de : Pierre Gaveaux


    Peuples Français, peuple de frères,
    Peux-tu voir sans frémir d'horreur,
    Le crime arborer les banières
    Du carnage et de la terreur ?
    Tu souffres qu'une horde atroce
    Et d'assassins et de brigands,
    Souille par son souffle féroce
    Le territoire des vivants.

    Quelle est cette lenteur barbare ?
    Hâte-toi, peuple souverain,
    De rendre aux monstres du Ténare
    Tous ces buveurs de sang humain !
    Guerre à tous les agents du crime !
    Poursuivons les jusqu'au trépas ;
    Partage l'horreur qui m'anime !
    Ils ne nous échapperont pas.

    Ah ! qu'ils périssent ces infâmes,
    Et ces égorgeurs dévorants,
    Qui portent au fond de leurs âmes
    Le crime et l'amour des tyrans !
    Mânes plaintifs de l'innocence,
    Apaisez-vous dans vos tombeaux ;
    Le jour tardif de la vengeance
    Fait enfin pâlir vos bourreaux.

    Voyez déjà comme ils frémissent ;
    Ils n'osent fuir, les scélérats !
    Les traces de sang qu'ils vomissent
    Décèleraient bientôt leurs pas.
    Oui, nous jurons sur votre tombe,
    Par notre pays malheureux,
    De ne faire qu'une hécatombe
    De ces cannibales affreux.

    Représentants d'un peuple juste,
    O vous ! législateurs humains !
    De qui la contenance auguste
    Fait trembler nos vils assassins,
    Suivez le cours de votre gloire ;
    Vos noms, chers à l'humanité,
    Volent au temple de mémoire,
    Au sein de l'immortalité.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1899

    Cette chanson fut très en vogue jusqu'en 1799, opposée à la Marseillaise, elle fut utilisée aussi bien par les royalistes que les anti-jacobins.



     
    Le vœu des citoyens paisibles

    paroles : citoyen Piis
    air de: N'en demandez pas davantage
    ou : Colin disait à Lise un jour


    Pour mettre un terme à tous nos maux
    Voulons-nous prendre un parti sage
    Proscrivons d'abord certains mots
    Qui flétrissent le langage
    Et de jacobins et de muscadins
    Ne traitons pas davantage. (bis)

    Puisqu'on a vu des jacobins
    Amis des lois, non du carnage ;
    Puisque l'on voit des muscadins
    Dont Mars rend fort bon témoignage
    Par ces vieux levains
    De sobriquets vains,
    Pourquoi nous aigrir davantage ! (bis)

    Poudrez-vous, ne vous poudrez pas,
    Selon l'air de votre visage ;
    A la patrie, en tous les cas,
    Cela peut-il porter ombrage ?
    A des cheveux longs
    A des cheveux ronds
    N'attachons aucun avantage. (bis)

    Songeons qu'à pied comme à cheval
    Notre armée à grands pas voyage,
    Et que par un temps glacial
    Dans Amsterdam elle emménage !
    Tels sont nos destins
    Que même en patins,
    Nous aurons, s'il faut, l'avantage ! (bis)

    La presse en pleine liberté
    Ne doit plus éprouver d'outrage :
    Dans les journaux, la vérité
    Peut se montrer à chaque page,
    Mais sur plusieurs points
    Que n'écrit-on moins,
    Pour fraterniser davantage. (bis)

    Et nous reprendrons la gaîté
    Qui fut toujours notre partage :
    La gaîté maintient la santé
    La santé maintient le courage.
    Le travail des champs,
    Les mœurs, les talens
    Tout en fleurira davantage. (bis)

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1899

    Cette chanson est un appel à la réconciliation devant les dangers qui menacent la République.
    La liberté de la presse est garantie par l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Totale liberté, certes, mais la censure était vite réapparue. Après le 10 août 1792, les journaux royalistes étaient interdits et la loi des suspects rendait dangereux les écrits anti-jacobins, Camille Desmoulins en demandant dans ses articles la fin de la terreur, finit sur l'échafaud.



     
    Couplets populaires
    21 pluviôse an III de la République française

    paroles de : citoyen Bellemarre
    air de : Les Fraises ou : Nicodème dans la lune


    La chandelle est à six francs,
    Je n'en brûle pas une.
    Grâce à messieurs les marchands,
    Je dormirais toujours sans
    La lune, la lune, la lune.

    Avec résignation,
    Je travaille à la brune ;
    Mais qu'au moins la nation
    Mette en réquisition
    La lune, la lune, la lune.

    Des Français reconnaissants
    S'établit la fortune ;
    Ils ne craindront de long-tems
    Que des éclipses fréquens
    De lune, de lune, de lune.

    L'on pourra, dans ma chanson,
    Trouver quelque lacune ;
    Je sens qu'on aurait raison,
    Si j'avais sur l'horizon
    La lune, la lune, la lune.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1899

    Hiver terrible que cette année là, les récoltes de l'été ont été désastreuses, les assignats ne valent plus rien. Les prix augmentent terriblement.



     
    Le franc républicain
    4 prairial an III (23 mai)

    par un citoyen qui a toujours cru et qui croit encore qu'il ne manque à la liberté française, pour réunir tous les suffrages, que de se dépouiller tout à fait de la tunique sanglante dont quelques hommes féroces l'avaient revêtue, et de s'orner au plus tôt d'un costume anglo-américain.

    air de : Les trembleurs ou : Une vieille qui roupille



    Lorsque le froid janséniste,
    Narguait le chaud moliniste,
    Pour ces deux partis en liste,
    J'avais un égal dédain :
    Philosophe et quiétiste,
    J'abhorre le terroriste,
    Jacobin ou royaliste,
    Et je suis républicain.

    Malgré R*** le sophiste,
    Malgré R*** le casuiste,
    Et malgré tel journaliste,
    Caméléon écrivain,
    Je ne suis point capétiste,
    Je ne suis point sorbiniste,
    Je ne suis point anarchiste,
    Je suis franc républicain.

    Mon grand-père est Fayétiste,
    Ma gran-mère est alarmiste,
    Mon grand frère apologiste,
    De la guerre et du tocsin ;
    Mais mon père est optimiste,
    Ma mère est tolérantiste,
    Aussi peu controversiste,
    Moi, je suis républicain.

    Mais comment né monarchiste,
    Etes-vous panégyriste,
    D'un système antagoniste
    Où le peuple est souverain ?
    Quand le plus grand nombre insiste
    Pour que ce système existe
    L'autre nombre à tord résiste ;
    Et je suis républicain.

    Mais il faut être papiste,
    Seriez-vous donc calviniste,
    Talmudiste, ou koraniste ?
    Qui, moi ? J'aime mon prochain :
    Lorsqu'avec peine il subsiste,
    Tant que je peux, je l'assiste ;
    C'est en ce point que consiste
    Le dogme républicain.

    Vienne enfin la paix, Ariste,
    Chacun deviendra théiste,
    Jusqu'au matérialiste ;
    Turc ou juif, grec ou romain,
    Le bronze aura l'air bien triste
    Sur son trône d'améthyste
    Ebranlé par la baliste
    Du bon sens républicain.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1899

    Beaucoup d'humour dans cette chanson, mais aussi une bonne représentation des différents composantes de la société. Peu importe les particularités de chacun, ce qui compte c'est ce qui unit tout le monde. A savoir la République.



     
    La pipe de tabac

    chanson du Petit matelot opéra de Pigault Lebrun
    musique de Gaveaux


    Contre les chagrins de la vie,
    On crie et ab hoc et ab hac.
    Moi je me crois digne d'envie,
    Quand j'ai ma pipe de tabac. (bis)
    Aujourd'hui changeant de folie
    Et de boussole et d'almanach,
    Je préfére fille jolie
    Même à la pipe de tabac. (bis)

    Le soldat baille sous la tente,
    Le matelot sur le tillac,
    Bientôt ils ont l'âme contente
    Avec la pipe de tabac. (bis)
    Si pourtant survient une belle ,
    A l'instant le cœur fait tic-tac,
    Et l'amant oublie auprès d'elle
    Jusqu'à la pipe de tabac. (bis)

    Je tiens cette maxime utile
    De ce fameux monsieur de Crac
    En campagne comme à la ville
    Fêtons l'amour et le tabac. (bis)
    Quand ce grand homme allait en guerre
    Il portait dans son petit sac
    Le doux portrait de sa bergère
    Avec la pipe de tabac. (bis)

    Chants et chansons populaires BHVP n° 135032

    Le tabac est une herbe venant d'Amérique, elle arrive en Europe au XVIème siècle. Les Indiens l'appellent petun. Sous Louis XIII, son usage est interdit dans les lieux publics.
    Monsieur de Crac est le baron de Münchausen.



     
    La Carmagnole de Fouquier-Tinville

    air de : la Carmagnole


    refrain

      Vive la guillotine
      Pour ces bourreaux (bis)
      Vive la guillotine
      Pour ces bourreaux vils fléaux.


    Fouquier-Tinville avait promis (bis)
    De guillotiner tout Paris (bis)
    Mais il en a menti
    Car il est raccourci.

    Ce monstre fit assassiner (bis)
    Souvent sans même les juger (bis)
    Vieillards, femmes, enfants,
    Jeunes adolescents.

    Il fit bien mettre en jugement (bis)
    Et condamner injustement (bis)
    Le comte de Fleury
    Dont il fut l'ennemi.

    Sans acte d'accusation (bis)
    Avec précipitation (bis)
    Il fit couler le sang
    De plus d'un innocent.

    Ennemi des bons citoyens (bis)
    Il employait tous les moyens (bis)
    Pour les faire périr
    C'était là son plaisir.

    Ce barbare, cet inhumain (bis)
    Des humains ce vil assassin (bis)
    Choisissait pour amis
    Nos plus grands ennemis.

    BHVP n°9312

    Texte d'origine royaliste, cette carmagnole exprime quand même l'opinion générale au regard de ce "fonctionnaire sans défaut". Accusateur public, Fouquier-Tinville est en grande partie responsable des charrettes de condamnés. Lors de son procès, il se défendit en arguant du fait qu'il ne faisait qu'obéir aux ordres. Sa condamnation démontra que la soumission à l'autorité n'excuse ni l'injustice ni les actes immoraux.





    1796





     
    La grande charrette vendéenne culbutée par le char de la République

    paroles : citoyen Hache
    air de : Le chant du départ


    Français livrons enfin nos cœurs à l'espérance
    Tout nous présage un sort plus doux
    Tout nous dit que bientôt la paix et l'abondance
    Vont renaître au milieu de nous.
    Déjà de ces hordes atroces
    Conspirant contre leur pays
    Les chefs parjures et féroces
    Sont atteints, jugés et punis.

    refrain

      Vive à jamais la République !
      Le traitre Stofflet a vécu
      Et des chouans l'espoir unique (bis)
      L'infâme Charette est vaincu.


    Ils croyaient ces brigands par la guerre intestine
    Par le feu, les assassinats
    Par l'affreux fanatisme et l'horrible famine
    Vaincre nos courageux soldats
    Vous ignoriez, tourbe exécrable
    Vils suppots dela royauté
    Qu'un peuple est toujours indomptable
    Quand il défend la Liberté.

    refrain

    Bien loin que le pardon, les bontés, les caresses,
    Les dignités et les honneurs
    Prodigués sans mesure à ces âmes traitresses,
    Mettent un frein à leurs fureurs,
    Hélas, les monstres et les parjures
    Méprisant la foi des Traités
    Veulent faire d'autres blessures
    Aux flancs qui les ont enfantés ! ...

    refrain

    Aveugle en ta fureur ambitieux Charette
    De ton pays sanglant bourreau :
    Tu ne voyais donc pas qu'en conjurant sa perte
    Tu creusais ton propre tombeau ?
    Péris et que ta fin tragique
    Inspire à tes cruels chouans
    Et l'amour de la République
    Et l'horreur de tous les tyrans.

    refrain

    Et vous enfants ingrats, quelle horrible furie
    Poussa vos paricides mains
    A noyer sans remords votre mère Patrie
    Dans le sang des républicains ?
    Quoi ! vous assassiniez ceux mêmes,
    Qui voulaient votre liberté,
    Et rendiez un culte suprême
    Aux bourreaux de l'humanité !

    refrain

    Crédules Vendéens, que l'astuce d'un prêtre
    Jointe à l'or, corrupteur des rois
    A long-temps égaré, apprenez à connaître
    Ce vil ennemi de vos droits
    Ils se disaient invulnérables
    Ou devaient renaître en trois jours
    C'est par des sottises semblables
    Qu'on trompe les faibles, toujours.

    refrain

    Maintenant sans appui, sans forces, sans asyles
    Fuyant jusqu'au fond des marais
    En vain vous tenteriez peuples des imbéciles
    D'éviter le fer des français
    De votre secte fanatique
    Abjurez les saintes fureurs
    Et chérissez la République
    Qui veut oublier vos erreurs.

    refrain

    Et toi rampant valet du tyran d'Angleterre
    Qui voulut par tous les forfaits
    Asservir à son joug les peuples de la Terre
    Quels sont les fruits de tes excès ?
    La France triomphante est libre,
    Ton nom a jamais détesté
    Et les peuples qui ne vont suivre
    Que les lois de l'égalité.

    Chansons historiques XVIIIe BHVP n°18148

    C'est la fin des guerres de Vendée et de la révolte des Chouans. La guerre civile avait débuté en 1793. Son déclenchement étant provoqué par la levée de 300 000 hommes.
    Les Vendéens ici ne sont pas vus comme des traitres, mais pire comme des imbéciles qui se sont faits berner. Ce n'est évidemment pas très gentil pour eux. Mais on est loin dans ce texte du ton guerrier et destructeur du chant patriotique qui conseillait aux bons Franaçais d'exterminer les restes des Normands. La République a gagné, elle peut se montrer magnanime, et elle préfère oublier ; surtout que dans cette guerre, les armées républicaines n'ont pas brillé par leur sens de la justice. La répression fut terrible.
    Le prêtre astucieux est Guyot de Folleville, un docteur en théologie qui se débrouilla toujours pour tirer son épingle du jeu, jusqu'à ce qu'il finisse sur l'échafaud.
    Le rampant valet du tyran d'Angleterre est le Comte d'Artois qui devait débarquer d'Angleterre avec des renforts, incapable de prendre une décision, il dut retourner en Angleterre en abandonnant les Chouans à leur triste sort.
    Les Chouans furent toujours victimes des divisions de leurs chefs, qui ne réussirent jamais à mener une vraie action concertée.



     
    Grâce à la mode
    ou La sans-gêne


    paroles et musique de Despréaux


    Grâce à la mode,
    On n'a plus d'cheveux, (bis)
    Ah ! qu'c'est commode !
    On n'a plus d'cheveux,
    On dit qu'c'est mieux.

    Grâce à la mode
    On va sans façon (bis)
    Ah ! qu'c'est commode !
    On va sans façon
    Et sans jupon.

    Grâce à la mode
    On n'a plus d'corset (bis)
    Ah ! qu'c'est commode !
    On n'a plus d'corset ;
    C'est plus tôt fait.

    Grâce à la mode
    Un'chemis'suffit (bis)
    Ah ! qu'c'est commode !
    Un'chemis'suffit,
    C'est tout profit.

    Grâce à la mode
    On n'a plus d'fichu (bis)
    Ah ! qu'c'est commode !
    Grâce à la mode
    Tout est déchu !

    Grâce à la mode
    Plus d'poche au vêt'ment (bis)
    Ah ! qu'c'est commode !
    Plus d'poche au vêt'ment
    Et pas d'argent.

    Grâce à la mode
    On n'a qu'un vêt'ment (bis)
    Ah ! qu'c'est commode !
    On a qu'un vêt'ment
    Qu'est transparent.

    Grâce à la mode
    On n'a rien d'caché (bis)
    Ah ! qu'c'est commode !
    On n'a rien d'caché ;
    J'en suis fâché.

    Chants et chansons populaires BHVP n° 135032

    Déjà sous la Révolution, on pouvait être une victime de la mode. Les dernières années du XVIIème siècle se passionnent pour l'Antiquité. Le costume s'en ressent.



     
    Les patentes

    Ce vaudeville, composé au mois d'octobre 1796, a été une des causes principales de ma déportation. Comme il m'arrivait souvent de porter ma main à ma poche, on prétendit que je faisais des gestes indécents et contre-révolutionnaires, délit prévu par la loi du 27 germinal, emportant peine de mort. L'application m'en fit réellement faite le 1er novembre 1797. La peine de mort fut commuée en déportation perpétuelle et le 8 septembre 1803, je reçus ma grâce de Sa Majesté l'Empereur et Roi.


    paroles : Ange Pitou
    air de : Un jour Guillot trouva Lisette


    Républicains, aristocrates,
    Terroristes buveurs de sang.
    Vous serez parfaits démocrates
    Si vous nous comptez votre argent.
    Et comme la crise est urgente
    Il faut vous conformer au temps
    Et prendre tous une patente
    Pour devenir honnêtes gens

    Mon dieu que la patrie est chère
    A qui la porte au fond du cœur !
    Tous les états sont à l'enchère.
    Hors celui du législateur.
    La raison en est évidente,
    C'est qu'aucun des représentants
    Ne pourrait payer la patente
    Qu'il doit à tous ces commettants.

    Un Jacobin nommé Scrupule,
    En s'approchant du receveur,
    Retourne sa poche et spécule,
    Qu'il n'a plus rien que son honneur.
    Oh ! que cela ne te tourmente
    Dit le receveur avisé,
    Ton dos a le droit de patente
    Commerce donc en liberté.

    Une vierge de haut parage
    Imposée à quatre cents francs
    Dit en descendant d'équipage
    Bon Dieu ! vous moquez-vous des gens ?
    Mais, Monsieur, je vis d'industrie,
    Le Financier, le Directeur,
    Vous diront que pour ma patrie
    J'ai vendu jusqu'à mon honneur.

    Un gros procureur, honnête homme
    Cousin de tous les fins Normands,
    Murmure de payer tout comme
    Les malheureux honnêtes gens.
    Oh ! cette injustice est criante
    On se pendrait d'un pareil coup !
    Faire payer une patente
    A ce grand maître grippe-sou.

    Sous ce déguisement cynique,
    Remets-tu ce fameux voleur ?
    Fournisseur de la République
    Autrefois simple décrotteur.
    Depuis qu'on parle de patentes,
    Monsieur dit qu'il n'a plus d'états
    Que la République indulgente
    Le classe parmi les forçats.

    Combien paierai-je de patente
    Dit certain faiseur de journal ?
    Si tu devais un sou de rente
    A tous ceux dont tu dis du mal,
    Je crois bien qu'au bout de l'année
    Sans compter tous tes revenus
    Ta dette serait augmentée
    De trois ou quatre mille écus.

    Un vieux médecin se présente
    Hé quoi ! dit un des assistants
    Peut-on payer une patente
    Pour avoir droit de tuer les gens ?
    Non, dit un auteur dramatique
    Il vaut bien mieux les égayer ;
    Et mais, répond certain critique
    Nous vous payons bien pour bailler.

    En fredonnant un air gothique
    Arrive un chanteur éclopé
    Si pour chanter la République
    Il faut que je sois patenté
    Je ferai, dit-il sans contrainte
    Cette offrande à la liberté
    Si désormais je puis sans crainte
    Chanter par-tout la vérité.

    Le Chanteur parisien, BHVP n° 9987 - Clé du caveau n° 203

    La Constituante a supprimé les anciennes corporations. Désormais chacun est libre d'exercer la profession de son choix. Mais il faut payer un droit à l'Etat : la patente. Que ce soit sous l'ancien régime ou la République, personne n'aime payer les impôts.





    1797





     
    Les avantages de la petite table

    paroles : citoyen Levrier Champrion
    air de : Le curé de Pompone


    Parfois un maître de maison
    Vous dit d'un air affable :
    Vous ne pourrez ... ami, pardon !
    Etre à la grande table.
    Restez avec ces morveux-là ;
    Vous serez bien aimable.
    Ah !
    Parbleu me voilà,
    Larira
    De la petite table.

    A la grande très-gravement
    L'on cause politique :
    L'on parle du débarquement ...
    Et puis de l'Amérique.
    C'est si joli, ces choses-là,
    Que c'en est incroyable.
    Ah !
    Ira qui voudra
    Larira
    Boire à la grande table.

    Des Cinq Cents, dans nos entretiens,
    Nous laissons là la gloire
    Nous ne parlons plus des Anciens,
    Plus que du Directoire,
    Musique, bal, vers, opéra,
    Vaudeville agréable ...
    Ah !
    L'on en parlera
    Larira
    A la petite table.

    A la grande assez volontiers
    Les époux tributaires,
    sont forts galans pour les moitiés
    De messieurs leurs confrères,
    Au fond, ma foi, quoique cela
    Soit un peu condamnable ;
    Ah !
    C'est ce que fera,
    Larira
    De mieux la grande table.

    Mais moi, je me trouve céans
    Près de la jeune Adèle,
    Qu'embellissent dix-huit printemps ...
    C'est la rose nouvelle,
    Heureux cent fois qui lui rendra
    L'amour comme elle est aimable,
    Ah !
    Il m'en souviendra,
    Larira
    De la petite table.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1899

    Air du temps, cette chanson montre que sous le Directoire, on est plus à la recherche du plaisir que de discuter des choses sérieuses du moment. La politique est sans saveur à côté des charmes de la belle Adèle.
    Le débarquement est celui qui était projeté en Irlande pour soutenir les révolutionnaires irlandais. La flotte est mise à mal par une tempête et l'affaire en reste là.



     
    Chanson à la paix

    air de : Mourir pour la patrie


    Il est temps qu'un fier destructeur
    Cesse d'ensanglanter la terre
    O Mars O dieu de la fureur
    Ton règn'est celui du malheur ;
    Il faut quà l'effroyable guerre
    Succèd'un repos enchanteur

    refrain

      O paix ! ô paix chérie ! ô paix ! ô paix chérie ! (bis)
      Ramène le bonheur au sein de ma patrie. (bis)


    Quoi ! ne désirons-nous pas tous
    Redevenir enfin des hommes ?
    N'être plus haineux, ni jaloux,
    Pour finir un trop long courroux,
    Aimons-nous tous tant que nous sommes,
    C'est le sentiment le plus doux

    refrain

    Laissons, en modestes vainqueurs,
    Tomber nos armes triomphantes,
    Sur l'urne de nos défenseurs
    Portons des regrets et des fleurs
    Et, à leurs mânes bienfaisantes,
    Offrons l'union de nos cœurs.

    refrain

    Fermons pour jamais les tombeaux
    Qu'on avait creusé dans la France ;
    En amitié soyons égaux ;
    Eteignons les affreux flambeaux
    Flambeaux de haine et de vengeance,
    Par des bienfaits soyons rivaux.

    refrain

    Sous ton ombrage protecteur,
    Olive chère et précieuse,
    Puissent renaître le bonheur,
    Les arts, la gaité, la douceur,
    Cette urbanité gracieuse,
    Attributs d'un sexe enchanteur.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1899

    Le 17 octobre 1797, Bonaparte signe, sans consulter personne, la paix de Campoformio. Cette paix n'est en fait qu'une trêve, mais elle assure à Bonaparte une gloire extraordinaire et sans partage, car il apporte aux Français ce qu'ils attendaient : la paix. Ainsi les Français pourront-ils satisfaire leur soif de plaisir sans soucis.