La prise de la Bastille

récit historique de ce qui s'est passé dans la ville de Paris, depuis le commencement de juillet jusqu'au 13, 14, 15 et 16 du même mois de l'année 1789.

air d'Henry IV

Pour célébrer la gloire de nos fiers Parisiens
Je chante leur victoire qui brisa nos liens ;
Leur active prudence, a mis en décadenc'
Nos secrets ennemis, pour la cause commune,
Nos forces ne feront qu'une nous voilà réunis.

Le monarque de France voulait faire le bien
Le chef des Finances en offrait le moyen ;
Mais un parti contraire prolongeant la misère
Qui blessent les petits, à protester s'amuse ;
C'est ainsi qu'on abuse du bon cœur de Louis.

La mésintelligence s'empare des Etats,
La brillante éloquence entretient les débats,
Le peuple enfin s'irrite de voir que l'on s'agite
Et qu'on avance à rien, il met en évidence
Que tout sujet de France doit être Citoyen.

Bouillant, chaud comme braise, le bourgeois de Paris
Adresse à Louis Seize les plus pressans écrits
Lui disant dans son trouble : Notre crainte redouble
De voir au champ de Mars des troupes étrangères,
Arborant leurs banières, pavillons, étendards.

Une bande indocile de gens séditieurx
Se portent dans la ville comme des curieux
Mettant tout au pillage dans un accès de rage
Qu'on ne peut concevoir, pillant grain et farine,
Pour causer la famine, comme le désespoir.

L'affligeante nouvelle du départ de Necker
Donne l'essor au zèle du peuple qui le perd
Tout est dans les allarmes, chacun s'écrie aux armes
L'on tremble pour Paris ; au moment où nous sommes
Plus de deux cens mille hommes, sur pied se trouvent mis.

Le Bureau de la Ville arme tout citoyen
Gens d'une espèce utile, et braves gens de bien :
Pour découvrir les traîtres, on se rend bientôt maîtres
Des lettres et paquets. Le premier que l'on ouvre
Heureuseemnt découvre le plus noir des forfaits.

L'on fut à la Bastille, parler au gouverneur.
Pour qu'il nous soit utile dans ce prochain malheur
Vingt milliers de poudre, dit-il, peut nous résoudre,
A nous mettre à couvert. Aujourd'hui par nos armes,
Vous et tous vos gendarmes, feraient sauter en l'air.

Nos bourgeois intrépides, vont, remplis de valeur,
L'hôtel des Invalides, se rend avec honneur ;
L'on trouve en cet asyle au moins quinze à vingt mille
Fusils et mousquetons, des bombes, des grenades,
Espontons, hallebardes, des mortiers et des canons.

R'tournant à la Bastille avec tous ces renforts, Delaunay
S'entortille et fait de vains efforts ; bientôt il fait entendre
Qu'il consent à se rendre il fait baisser les ponts ; la
bourgeoisise entrée, soudain est massacrée par le feu des canons

Un bourgeois de courage, le fameux sieur Hulin, les gardes
Il encourage par un discours divin, criant, chers camarades,
Citoyens prenons garde à ne laisser périr et massacrer
Nos frères dans cette carrière, il faut vaincre ou mourir.

Histoire chantée de la 1ère République 1789 à 1799 Louis Damade Paris 1892- Clé du caveau n°1051

Cette chanson relate les événements qui ont amenés à la prise de la Bastille. Delaunay en était le gouverneur. Au lieu de se rendre, il a préféré résister. Il est intéressant de noter que dans ce texte la prise de la Bastille est attribuée aux bourgeois et non au peuple en général.