1796





 
La grande charrette vendéenne culbutée par le char de la République

paroles : citoyen Hache
air de : Le chant du départ


Français livrons enfin nos cœurs à l'espérance
Tout nous présage un sort plus doux
Tout nous dit que bientôt la paix et l'abondance
Vont renaître au milieu de nous.
Déjà de ces hordes atroces
Conspirant contre leur pays
Les chefs parjures et féroces
Sont atteints, jugés et punis.

refrain

    Vive à jamais la République !
    Le traitre Stofflet a vécu
    Et des chouans l'espoir unique (bis)
    L'infâme Charette est vaincu.


Ils croyaient ces brigands par la guerre intestine
Par le feu, les assassinats
Par l'affreux fanatisme et l'horrible famine
Vaincre nos courageux soldats
Vous ignoriez, tourbe exécrable
Vils suppots dela royauté
Qu'un peuple est toujours indomptable
Quand il défend la Liberté.

refrain

Bien loin que le pardon, les bontés, les caresses,
Les dignités et les honneurs
Prodigués sans mesure à ces âmes traitresses,
Mettent un frein à leurs fureurs,
Hélas, les monstres et les parjures
Méprisant la foi des Traités
Veulent faire d'autres blessures
Aux flancs qui les ont enfantés ! ...

refrain

Aveugle en ta fureur ambitieux Charette
De ton pays sanglant bourreau :
Tu ne voyais donc pas qu'en conjurant sa perte
Tu creusais ton propre tombeau ?
Péris et que ta fin tragique
Inspire à tes cruels chouans
Et l'amour de la République
Et l'horreur de tous les tyrans.

refrain

Et vous enfants ingrats, quelle horrible furie
Poussa vos paricides mains
A noyer sans remords votre mère Patrie
Dans le sang des républicains ?
Quoi ! vous assassiniez ceux mêmes,
Qui voulaient votre liberté,
Et rendiez un culte suprême
Aux bourreaux de l'humanité !

refrain

Crédules Vendéens, que l'astuce d'un prêtre
Jointe à l'or, corrupteur des rois
A long-temps égaré, apprenez à connaître
Ce vil ennemi de vos droits
Ils se disaient invulnérables
Ou devaient renaître en trois jours
C'est par des sottises semblables
Qu'on trompe les faibles, toujours.

refrain

Maintenant sans appui, sans forces, sans asyles
Fuyant jusqu'au fond des marais
En vain vous tenteriez peuples des imbéciles
D'éviter le fer des français
De votre secte fanatique
Abjurez les saintes fureurs
Et chérissez la République
Qui veut oublier vos erreurs.

refrain

Et toi rampant valet du tyran d'Angleterre
Qui voulut par tous les forfaits
Asservir à son joug les peuples de la Terre
Quels sont les fruits de tes excès ?
La France triomphante est libre,
Ton nom a jamais détesté
Et les peuples qui ne vont suivre
Que les lois de l'égalité.

Chansons historiques XVIIIe BHVP n°18148

C'est la fin des guerres de Vendée et de la révolte des Chouans. La guerre civile avait débuté en 1793. Son déclenchement étant provoqué par la levée de 300 000 hommes.
Les Vendéens ici ne sont pas vus comme des traitres, mais pire comme des imbéciles qui se sont faits berner. Ce n'est évidemment pas très gentil pour eux. Mais on est loin dans ce texte du ton guerrier et destructeur du chant patriotique qui conseillait aux bons Franaçais d'exterminer les restes des Normands. La République a gagné, elle peut se montrer magnanime, et elle préfère oublier ; surtout que dans cette guerre, les armées républicaines n'ont pas brillé par leur sens de la justice. La répression fut terrible.
Le prêtre astucieux est Guyot de Folleville, un docteur en théologie qui se débrouilla toujours pour tirer son épingle du jeu, jusqu'à ce qu'il finisse sur l'échafaud.
Le rampant valet du tyran d'Angleterre est le Comte d'Artois qui devait débarquer d'Angleterre avec des renforts, incapable de prendre une décision, il dut retourner en Angleterre en abandonnant les Chouans à leur triste sort.
Les Chouans furent toujours victimes des divisions de leurs chefs, qui ne réussirent jamais à mener une vraie action concertée.



 
Grâce à la mode
ou La sans-gêne


paroles et musique de Despréaux


Grâce à la mode,
On n'a plus d'cheveux, (bis)
Ah ! qu'c'est commode !
On n'a plus d'cheveux,
On dit qu'c'est mieux.

Grâce à la mode
On va sans façon (bis)
Ah ! qu'c'est commode !
On va sans façon
Et sans jupon.

Grâce à la mode
On n'a plus d'corset (bis)
Ah ! qu'c'est commode !
On n'a plus d'corset ;
C'est plus tôt fait.

Grâce à la mode
Un'chemis'suffit (bis)
Ah ! qu'c'est commode !
Un'chemis'suffit,
C'est tout profit.

Grâce à la mode
On n'a plus d'fichu (bis)
Ah ! qu'c'est commode !
Grâce à la mode
Tout est déchu !

Grâce à la mode
Plus d'poche au vêt'ment (bis)
Ah ! qu'c'est commode !
Plus d'poche au vêt'ment
Et pas d'argent.

Grâce à la mode
On n'a qu'un vêt'ment (bis)
Ah ! qu'c'est commode !
On a qu'un vêt'ment
Qu'est transparent.

Grâce à la mode
On n'a rien d'caché (bis)
Ah ! qu'c'est commode !
On n'a rien d'caché ;
J'en suis fâché.

Chants et chansons populaires BHVP n° 135032

Déjà sous la Révolution, on pouvait être une victime de la mode. Les dernières années du XVIIème siècle se passionnent pour l'Antiquité. Le costume s'en ressent.



 
Les patentes

Ce vaudeville, composé au mois d'octobre 1796, a été une des causes principales de ma déportation. Comme il m'arrivait souvent de porter ma main à ma poche, on prétendit que je faisais des gestes indécents et contre-révolutionnaires, délit prévu par la loi du 27 germinal, emportant peine de mort. L'application m'en fit réellement faite le 1er novembre 1797. La peine de mort fut commuée en déportation perpétuelle et le 8 septembre 1803, je reçus ma grâce de Sa Majesté l'Empereur et Roi.


paroles : Ange Pitou
air de : Un jour Guillot trouva Lisette


Républicains, aristocrates,
Terroristes buveurs de sang.
Vous serez parfaits démocrates
Si vous nous comptez votre argent.
Et comme la crise est urgente
Il faut vous conformer au temps
Et prendre tous une patente
Pour devenir honnêtes gens

Mon dieu que la patrie est chère
A qui la porte au fond du cœur !
Tous les états sont à l'enchère.
Hors celui du législateur.
La raison en est évidente,
C'est qu'aucun des représentants
Ne pourrait payer la patente
Qu'il doit à tous ces commettants.

Un Jacobin nommé Scrupule,
En s'approchant du receveur,
Retourne sa poche et spécule,
Qu'il n'a plus rien que son honneur.
Oh ! que cela ne te tourmente
Dit le receveur avisé,
Ton dos a le droit de patente
Commerce donc en liberté.

Une vierge de haut parage
Imposée à quatre cents francs
Dit en descendant d'équipage
Bon Dieu ! vous moquez-vous des gens ?
Mais, Monsieur, je vis d'industrie,
Le Financier, le Directeur,
Vous diront que pour ma patrie
J'ai vendu jusqu'à mon honneur.

Un gros procureur, honnête homme
Cousin de tous les fins Normands,
Murmure de payer tout comme
Les malheureux honnêtes gens.
Oh ! cette injustice est criante
On se pendrait d'un pareil coup !
Faire payer une patente
A ce grand maître grippe-sou.

Sous ce déguisement cynique,
Remets-tu ce fameux voleur ?
Fournisseur de la République
Autrefois simple décrotteur.
Depuis qu'on parle de patentes,
Monsieur dit qu'il n'a plus d'états
Que la République indulgente
Le classe parmi les forçats.

Combien paierai-je de patente
Dit certain faiseur de journal ?
Si tu devais un sou de rente
A tous ceux dont tu dis du mal,
Je crois bien qu'au bout de l'année
Sans compter tous tes revenus
Ta dette serait augmentée
De trois ou quatre mille écus.

Un vieux médecin se présente
Hé quoi ! dit un des assistants
Peut-on payer une patente
Pour avoir droit de tuer les gens ?
Non, dit un auteur dramatique
Il vaut bien mieux les égayer ;
Et mais, répond certain critique
Nous vous payons bien pour bailler.

En fredonnant un air gothique
Arrive un chanteur éclopé
Si pour chanter la République
Il faut que je sois patenté
Je ferai, dit-il sans contrainte
Cette offrande à la liberté
Si désormais je puis sans crainte
Chanter par-tout la vérité.

Le Chanteur parisien, BHVP n° 9987 - Clé du caveau n° 203

La Constituante a supprimé les anciennes corporations. Désormais chacun est libre d'exercer la profession de son choix. Mais il faut payer un droit à l'Etat : la patente. Que ce soit sous l'ancien régime ou la République, personne n'aime payer les impôts.