1794





 
Complainte des émigrants français

air des Pélerins de Saint Jacques


Ah ! quand nous partîmes de France
Tout allait bien.
Tout brillans et dans l'opulence,
Aujourd'hui rien ;
Nous n'avons ni bas ni souliers,
Montrant nature,
Nous sommes tous des chevaliers
De la triste figure.

Jadis nous avions droit de chasse
Sur tous les champs.
On nous distinguait de la masse
Des paysans ;
Mais à présent plus gueux, sans pain,
Que rats d'église
Nous ne chassons plus le lapin
Que dans notre chemise.

On met nos terres au pillage,
Et nos châteaux
On nous les vend, on les partage
En cent morceaux.
Hélas, il ne nous reste plus
Que la misère
Et gentils-hommes devenus
Cousins de Jean-sans-terre.

Nous avons perdu tous nos titres
Et nos grands noms.
Pour avoir trop cassé les vitres
Nous endurons.
Nous sommes marquis mis à bout
Pour nos allures.
Des comtes à dormir debout
Puisqu'on vend nos couchures.

Adieu toute noblesse antique
Adieu blason.
Quand un peuple est en république
Plus d'écusson.
Nous sommes chevaliers errans
Et sans ressource,
Nous ne voyons plus d'écus blancs
Dans notre pauvre bourse.

Nous, cadédie de la Gascogne,
Qu'avons-nous fait ?
Voilà donc de notre besogne
Le bel effet !
O bannissement trop cruel !
De nous personne
N'ira donc plus , de son castel,
Pisser dans la Garonne.

Pour notre intrépide arrogance
Ah ! nous souffrons !
Quand nous approchons de la France
Nous reculons.
Car si nous osons y rentrer,
Nos pauvres têtes
La guillotine fait tomber,
Voilà donc nos conquêtes !

Almanach chantant BHVP n° 601664 - Clé du caveau n° 727

A part la très haute noblesse, la majorité des émigrés ont tout perdu en quittant la Fance. Après la Terreur, un certain nombre revient en France, mais la situation a bien changé pour eux.



 
Couplets pour les prêtres réfractaires
air des Pélerins de Saint Jacques


Nous autrefois si contents d'être
Riches prélats
Il faut donc de notre bon maître
Suivre les pas ?
Des philosophes séculiers
A la tribune,
D'évêque nous ont fait meuniers
Ainsi va la fortune.

Autrefois nous étions en France
Comme des Dieux
Mais le peuple dans l'ignorance
Ouvre les yeux ;
Nos saintes bénédictions
Pour eux sont nulles
Des excommunications
Ils déchirent les bulles.

Pour avoir écouté le Pape,
Nous voilà pris,
Il est pour nous Monsieur j'attrape
Notre pays ;
Hélas ! nous ne reverrons plus !
Quelle absence,
Il nous faut donc, comme Jésus
Vivre dans l'indigence.

Almanach chantant BHVP n° 601664

La Constituante résout la question de l'entretien du clergé par la Constitution civile du clergé en 1791. Les clercs doivent prêter serment à la nation, la loi et le roi. Le Pape refuse d'accepter cette prise de contrôle du clergé par les Révolutionnaires. Il interdit aux clercs français de prêter serment
L'abbé Grégoire est un des premiers à prêter serment mais dans le haut clergé, seulement 2 évêques sur 44 prêtent serment. Et encore l'un d'eux est Talleyrand. En avril 1793, les prêtres refractaires sont bannis et déportés de France.



 
Couplets des patriotes du Faubourg Saint-Antoine

paroles : citoyen Radet
air de : Aussitôt que la lumière


Une horde despotique
Se rassembla contre nous,
Dans la forteresse antique,
Objet de notre courroux :
Mais notre bouillante audace
Sur les traîtres l'emporta,
Et l'on cherche ici la place
Où la Bastille exista.

C'est au Faubourg Saint -Antoine
Que naquit la liberté ;
Elle est notre patrimoine
Et notre divinité.
Le courage, la sagesse
L'y maintenant désormais,
Elle y grandira sans cesse
Et n'y vieillira jamais.

histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

Tout autour de Paris, on trouve les Faubourgs. C'est à celui de Saint-Antoine, autour de la Bastille, qu'éclatèrent les premiers troubles en 1789.
Dans ces Faubourgs, on trouve tout un peuple d'ouvriers, d'artisans, pour qui les valeurs républicaines représentent beaucoup. Ce peuple cependant, manque du "raffinement intellectuel bourgeois" et, fait peur à la bourgeoisie au pouvoir car les sans-culottes sont armés. Après la révolte de 1796, suite au terrible hiver et au manque de pain, les sans-culottes des Faubourgs sont désarmés. Après cela, il faut attendre 1830 pour que le peuple se révolte à nouveau.




 
Le chant du départ
paroles de : Marie-Joseph Chenier
musique de : Méhul

en ligne musique au format Réal audio hors ligne
UN REPRESENTANT DU PEUPLE
    La victoire en chantant nous ouvre la barrière
    La liberté guide nos pas
    Et du Nord au Midi la trompette guerrière
    A sonné l'heure des combats
    Tremblez ennemis de la France
    Rois ivres de sang et d'orgueuil !
    Le peuple souverain s'avance
    Tyrans, descendez au cercueil
    La République nous appelle ;
    Sachons vaincre ou sachons périr !
    Un Français doit vivre pour elle,
    Pour elle un Français doit mourir.
    bis
CHOEUR DES GUERRIERS
    La République nous appelle ;
    Sachons vaincre ou sachons périr !
    Un Français doit vivre pour elle,
    Pour elle un Français doit mourir.
UNE MERE DE FAMILLE
    De nos yeux maternels ne craignez point les larmes ;
    Loin de nous de lâches douleurs !
    Nous devons triompher quand vous prenez les armes ;
    C'est aux rois à verser des pleurs.
    Nous vous avons donné la vie ;
    Guerriers, elle n'est plus à vous ;
    Tous vos jours sont à la patrie ;
    Elle est votre mère avant nous.
CHOEUR DES MERES DE FAMILLE
    La République nous appelle ;
    Sachons vaincre ou sachons périr !
    Un Français doit vivre pour elle,
    Pour elle un Français doit mourir.
DEUX VIEILLARDS
    Que le fer paternel arme la main des braves ;
    Songez à nous aux Champs de Mars ;
    Cansacrez dans le sang des rois et des esclaves
    Le fer béni par vos vieillards ;
    Et, rapportant sous la chaumière
    Des blessures et des vertus,
    Venez fermer nos paupières,
    Quand les tyrans ne seront plus.
CHOEUR DES VIEILLARDS
    La République nous appelle ;
    Sachons vaincre ou sachons périr !
    Un Français doit vivre pour elle,
    Pour elle un Français doit mourir.
TROIS GUERRIERS
    Sur le fer, devant Dieu, nous jurons à nos pères,
    A nos épouses, à nos sœurs,
    A nos représentants, à nos fils, à nos mères,
    D'anéantir les oppresseurs.
    En tous lieux, dans la nuit profonde
    Plongeant la féodalité,
    Les Français donneront au monde
    Et la paix et la liberté.
CHOEUR GENERAL
    La République nous appelle ;
    Sachons vaincre ou sachons périr !
    Un Français doit vivre pour elle,
    Pour elle un Français doit mourir.


Pierre Constant Musique des fêtes et cérémonies de la Révolution française, imprimerie nationale 1899

Hymne très guerrier, le chant du départ est l'un des hymnes révolutionnaires les plus connus. l'auteur fait habilement intervenir les éléments de la famille. La République est la mère de tous. Cet hymne reprend les thèmes républicains favoris : La liberté ou la mort, l'universalité de la Révolution.