1791


 
Couplets sur Mirabeau

air : La mère Michel


Qu'tous lz'aristocrates crevions dans leur piau
Pour notre commandant, nous avons Mirabiau :
Buvons à sa santé tous nos cœurs sont à lui
De note liberté c'est l'vigoureux appui.

A Versailles, morbleu, comm'i vous a tonné
Contre tous ces canaill' par un diable amené
Suisses, Dragons, Hussards, avons tous décampé
La voix de Mirabeau, z'avoit tout cannoné.

Et d'la Banqu'route donc, comm'i vous a parlé
C'gouffre étoit à not' porte... eh ben le v'la comblé
Un ancien Démosthène a fait biaucoup de brit
D'ses Athéniens ruinés ram'na-t-i le crédit.

Quand de r'tour à Paris not'bon Roi vient cheu soi,
Cessa-t-i d'travailler pour en faveur d'la loi
Il émeut, il embrasse, au feu de ses discours
D'quoi qui veuille parler, c'est Mirabiau toujours.

Un tas de chien d'auteurs distillant leu poison
Voudroient comme la lieur barbouiller not'raison
Mais iz auront biau faire, iz en auront menti
Dans Mirabiau toujours nous aurons un ami.

Nos défunts Messeigneurs, nos Curés, nos Abbés
I prêchent mieux que vous, vous n'serez pas écoutés :
Il a lu l'Evangile, et connois bien vos droits
Ministres de la paix, suivez en donc les loix.

Minerve et Mars, c'dit-on sont tous deux frère et sœur
Ainsi d'nous commander, i mérite l'honneur
Nous nous en souviendrons, i ne l'oubliera pas,
Dans la Grange Batelière, i n'trouvera point d'ingrats.

BHVP n° 960677

Mirabeau commandait la section de la Grange Batelière, qui se situait rue des Porcherons. Elu député du Tiers d'Aix après que la noblesse refuse de le choisir, Mirabeau qui était un formidable orateur, se tailla une belle réputation. Partisan d'une monarchie constitutionnelle, il essaya de conseiller Louis XVI qui ne l'écouta pas.
Paris avait été divisé en 60 districts pour les élections aux Etats généraux. La Constituante réorganisa ces districts en 48 sections, où les citoyens se réunissaient en assemblée. En 1795, les sections disparurent et furent remplacées par 12 arrondissements dirigés par des conseils municipaux. C'est de là que date le découpage de Paris en forme d'escargot. Au fur et à mesure de l'extension de la ville, on rajoutait des arrondissements. Il y en a aujourd'hui 20.




 

Chanson nouvelle - La joie du Père Duchesne sur la suppression des barrières de Paris, l'abolition des droits d'entrée & le renvoi des commis.


air : la bonne aventure


Français réjouissez vous,
L'auguste assemblée
Vient de décréter pour nous
L'œuvre désirée ;
Tous les commis sont à bout,
Ils ne fouillent plus chez nous.
Vive l'assemblée, o gué,
Vive l'assemblée.

Barnave, aussi Mirabeau,
Ce sont de vrais pères,
Ah ! Que ce jour est beau
Dans notre hémisphère !
Nous serons plus satisfaits,
Plus de visites aux paquets.
Adieu les barrières, o gué,
Adieu les barrières.

Nous allons boire à gogo
Le vin et la bière
Et l'eau de vie à plein pot,
Provision entière ;
Les bœufs, les vaches et les veaux,
Le beurre et les escargots
Adieu les barrières, o gué,
Adieu les barrières.

Nous allons nous divertir,
Faire bonne chère,
Car pour le vin de Paris,
Ne satisfait guères,
Pour tous ces pauvres commis
Le fromage leur est acquis.
Adieu les barrières, o gué,
Adieu les barrières.

Nous pourrons aller chercher
Dessus les frontières
Pour le gain, l'utilité,
Ce qui est nécessaire,
Sans craindre de ces commis
L'insolence et le mépris.
Adieu les barrières, o gué,
Adieu les barrières.

Pour tous nos représentants
Ayons bien mémoire,
D'inspirer à nos enfants
De chanter leur gloire,
Bénissons tous leurs travaux
Nous n'aurons plus de bureaux :
Ah ! la bonne affaire ! o gué,
Ah ! la bonne affaire !

BHVP n° 9312 - Clé du caveau n° 302

Louis XIV avait créé l'octroi. C'est-à-dire qu'aux portes ds grandes villes il fallait payer un droit d'entrée pour les marchandises que l'on voulait vendre. La perception de l'octroi était faite par les fermiers-généraux. Ces derniers avançaient au roi le montant des impôts, puis ils le collectaient, en s'assurant bien sûr un confortable bénéfice. Les fermiers-généraux étaient détestés. Le plus connu est le savant Lavoisier, qui finit sur la guillotine.




 
Ah ! Com' ça va
ou, les bons Français trompés par les Noirs

paroles de Ladré
air : Le carillon national


Ah ! comm'ça va (ter)
Je ne comprends pas d'où vient la tristesse
Ah ! comm'ça va (ter)
Est-ce que toujours on nous trahira ?

A-t-on oublié ce que l'on jura
Au Champ de Mars ? Quel plaisir ce jour-là !
Ah ! comm'ça va (ter)
Pendant plusieurs jours Ah comme on dansa.

Par de bons repas on se régala ;
Aujourd'hui plus d'allégresse
Et tout va cahin, caha
Ah ! comm'ça va (ter)
Est-ce que toujours on nous trahira ?

Ah ! comm'ça va (ter)
Le peuple est toujours dans l'impatience
Ah ! comm'ça va (ter)
Sans argent, il se voit presqu'aquia.

L'ennemi dit qu'il se repentira,
Et le Sénat dit qu'il le soutiendra,
Ah ! comm'ça va (ter)
Puisque tout pour lui si bien commença
Qu'il ne craigne rien, tout s'achèvera ;
Mais une noire science
Voudrait troubler tout cela
Ah ! comm'ça va (ter)
Sans argent, il se voit presqu'aquia.

Ah ! comm'ça va (ter)
De méchants papiers nous ont fait accroire
Ah ! comm'ça va (ter)
L'insurrection l'on recherchera.

Le pauvre peuple l'on embrouillera
Mais par l'assemblée, il s'éclaircira ;
Ah ! comm'ça va (ter)
La calomnie en tout temps sifflera,
Nos meilleurs soutiens elle détruira
Mais par la suite à leur gloire
La vérité parlera
Ah ! comm'ça va (ter)
L'insurrection l'on recherchera.

Ah ! comm'ça va (ter)
Vous lisez Français, mais sachez comprendre
Ah ! comm'ça va (ter)
Le bon, le mauvais toujours s'écriera

N'écoutez pas tout ce qu'on vous dira
De mauvais conseils on vous donnera
Ah ! comm'ça va (ter)
Où la tranquillité n'habitera
Jamais la liberté ne jouira ;
Laissez le noir entreprendre
Bientôt il reculera
Ah ! comm'ça va (ter)
Le bon, le mauvais toujours s'écriera.

Ah ! comm'ça va (ter)
Nous possédons la justice et la force ;
Ah ! comm'ça va (ter)
Jamais le méchant noir ne nous vaincra.

A nous faire battre il excitera ;
La guerre civile il désirera ;
Ah ! comm'ça va (ter)
Tant que la paix parmi nous durera
Ce bel arbre que pour nous on planta
Restera dans son écorce,
Et son fruit l'on goûtera
Ah ! comm'ça va (ter)
Jamais le méchant noir ne nous vaincra.


BHVP n° 9312
Les Noirs de cette chanson, sont les députés contre-révolutionnaires.



 
Chanson contre le ci-devant roi et sur les trahisons de l'exécrable Bouillé ...

air : Catiau dans son galetas


Français, voici le moment
De montrer notre courage,
Louis fausse son serment.
Pour nous préserver de l'orage
Restons toujours bien unis
Et nous vaincrons nos ennemis. (bis)

Louis étoit notre ami
Nous le nommions notre père
Sans rien dire, il est parti
Hélas ! Qu'espéroit-il donc faire ?
C'est l'exécrable Bouillé
Qui dans la France a tout troublé. (bis)

Dans l'affaire de Nanci
Il eut en vain des louanges
Croyant avoir réussi,
Du vrai, du faux fit des mélanges
Sous le nom de citoyen
Ses faits montrent qu'il ne vaut rien. (bis)

Il voudroit par ses écrits
Faire aux Français des menaces
On les voit avec mépris
Les Français lui font des grimaces
Sa clique ne nous fait pas peur
Qu'il viennne s'il a du cœur. (bis)

Sa clique ne nous fait pas peur
Ce traitre est donc bien subtil
Pour vaincre la capitale
Sachant la route, dit-il
Mais la force nationale
Se mocque de ses discours. (bis)

Qu'il craigne plutôt pour ses jours
Bouillé se croit-il César ?
Seroit-il un Olopherne ?
Non, ce n'est qu'un babillard
Un réchappé de la lanterne
On a mis sa tête à prix. (bis)

Qu'il viennne, qu'il vienne à Paris
Vivre libre, c'est la loi
De tout le peuple de France
Mais soutenir un faux roi,
Tout bon Français autrement pense
Nous connoissons les vertus
Du vice nous n'en voulons plus.

BHVP n° 9312
Olopherne était un général dans l'Antiquité.

Cette chanson parle d'un des problèmes les plus difficiles pour les Révolutionnaires : la fuite du roi, le 20 juin 1791.
Bouillé, le cousin de La Fayette, était chargé d'assurer la protection du roi pendant la fuite. Mais la berline royale avait pris du retard et il fut reconnu avant que Bouillé fût à même de le protéger.
Bouillé, à la demande de La Fayette, s'était déjà illustré en 1790, en réprimant la révolte des régiments de Nancy, qui avaient créé des comités de soldats, adhéré au club des jacobins et fraternisé avec la garde nationale. La répression de la révolte de Nancy provoqua une émeute à Paris. La réputation de La Fayette en pâtit.
Cette chanson est remarquable car elle montre bien les sentiments du peuple au regard de l'attitude royale. C'est la trahison d'un père envers ses enfants.