1789





 
Chanson poissarde

sur l'air de : Aisément cela se peut croire


1er couplet

Sais-tu Cadet que j'somm' du Tiers
Et j'dis que j'devons en êtr'fiers
Aisément cela se peut croire
Sous l'fardeau trop longtemps courbé
Le Tiers à la fin s'est regimbé

refrain

    J'veux t'être un chien.
    Y'a coup de pieds, y'a coup de poing
    J'li cass'rais la gueule et la mâchoire.


2ème couplet

La Noblesse, c'est bien certain
est comm' qui dirait, z'un'putain ;
Aisément cela se peut croire
Tout z'un chacun, pour son argent,
Peut s'en bailler l'contentement.

3ème couplet

Faut pourtant z'être de bonn'foi,
Ya queuqu'Nobles de bon aloi
Aisément cela se peut croire
Ceux-ci font les ceux qui d'abord
Avec l'Tiers se sont mis d'accord.

4ème couplet

Les Nobles ont pour député
Un princ'qu'est z'aussi d'not'côté
Aisément cela se peut croire
Il nous a rogné son jardin
Malgré ça, c'estz'un bon humain.

5ème couplet

Tout ben vu, tout ben consulté
Je n'demandons que d'l'équité
Aisément cela se peut croire.
J'voulons qu'les états généraux
Partag' z'égal'ment les impôts.

6ème couplet

S'sus l'sel et l'vin j'voulons aussi
Qu'l'impôt soit z'un peu radouci ;
Aisément cela se peut croire
Mettant p'us d'sel dans nos ragouts
J'aurons p'us d'soif pour boir' queuqu'coups.

7ème couplet

J'voulons encor' que le commis
Si fair' se peut, soient tous occis ;
Aisément cela se peut croire
Sans cess'leux esprit infernal
S'tourne et se r'tourn' pour notre mal

8ème couplet

A tous ministres l'on devroit
Montrer de Necker le portrait
Aisément cela se peut croire
Ca s'rait leux dir', sans leux parler
"V'la c'tui sur qui faut vous mouler"

9ème couplet

Mais d'tous nos vœux, le plus ardent,
C'est que not'Roi soit content
Aisément cela se peut croire
Quand s'il ne veut que not'bonheur
J'devons l'payer par notre cœur.


La joye de la Nation, BHVP n°12031

Cette chanson, dans le style populaire du langage des poissonnières des Halles, est un résumé des cahiers de doléances.




 
Motion des harangères de la Halle

sur l'air de "Catiau dans son galetas"

Ces grands états généraux
F'ront-ils du brouet d'andouille ?
Ces messieurs s'ront-ils si sots
Que d's'en r'tourner chez-eux bredouilles,
Quand par miracl'un bon roi
Veut faire le bien et d'si bonne foi ? (bis)

Si c'était nous qu'étions-là,
On dirait "C'est d'la canaille !"
Mais des beaux messieurs comm'ça,
Au lieu d's'entendre, ça s'chamaille ;
Ca bou du thé aux Anglais
Comm' ils vont s'foute des Français. (bis)

C'n'est pas dans les pus petites gens
Qu'est la plus grande canaille,
C'est dans ces chiens d'Parlement,
Dans c'te noblesse et c'te mitraille,
C'n'est pas leux roi, si loyal,
Qu'ils aimont, c'est l'coffre royal (bis)

Comm' ils faisons leux fendants,
Ces gentis-hommes antiques,
Dont les aïeux, il y a vingt ans,
Etaient des seigneurs en boutique !
Grâce à l'argent, les voici
Pus fiers que les Montmorency. (bis)

Ils se croyent les égaux
D'l'Eminence et d'l'Altesse,
Ils n'voyons pas, les nigauds
Que la grandeur croît de leur petitesse
Pour les singer, comme Raton,
Vont tirer du feu les marrons ! (bis)

Ca méprise l'tiers Etat!
C'est l'enfant qui bat sa mère,
Mais lasse enfin du sabbat,
La maman s'met en colère,
Elle empoigne son enfant,
Et vous lui fout l'fouet jusqu'au sang. (bis)

Au lieu d'payer ces tyrans
N'voulant qu'pêcher en eau trouble,
Et pus nos malheurs sont grands,
Pus leur avidité redouble,
Quand le feu prend aux maisons,
Ca fait la fortune aux larrons. (bis)

L'parti l'meilleur est l'plus court,
Il est temps qu'tout ça finisse.
Pour quelques gredins d'la cour,
Faut-il que la France périsse ?
Le peuple avec le Roi d'accord,
Ne peut manquer d'être l'pus fort. (bis)

Si les grands troublent encor,
Que le diable les confonde !
Et puisq'ils aiment tant l'or,
Que dans leur gueule on en fonde !
Voilà les sincères vœux
Qu'les harangères font pour eux (bis)


Histoire de France par les chansons, P Barbier-F. Vernillat,BN ms.fr.n°6620,na.,1789 Clé du caveau n°505


Cette chanson en style poissard, c'est-à-ditre dans un langage imitant celui des poissonnières des Halles, met en avant plusieurs thèmes :

  1. Le peu de considération qu'a le peuple pour les bourgeois devenus nobles en ayant acheté leur titre.
  2. Les problèmes financiers du Roi viennent des courtisans et autres pensionnés du Roi.
  3. Le peuple est fidèle au Roi, il croit en lui.



 
La prise de la Bastille

récit historique de ce qui s'est passé dans la ville de Paris, depuis le commencement de juillet jusqu'au 13, 14, 15 et 16 du même mois de l'année 1789.

air d'Henry IV

Pour célébrer la gloire de nos fiers Parisiens
Je chante leur victoire qui brisa nos liens ;
Leur active prudence, a mis en décadenc'
Nos secrets ennemis, pour la cause commune,
Nos forces ne feront qu'une nous voilà réunis.

Le monarque de France voulait faire le bien
Le chef des Finances en offrait le moyen ;
Mais un parti contraire prolongeant la misère
Qui blessent les petits, à protester s'amuse ;
C'est ainsi qu'on abuse du bon cœur de Louis.

La mésintelligence s'empare des Etats,
La brillante éloquence entretient les débats,
Le peuple enfin s'irrite de voir que l'on s'agite
Et qu'on avance à rien, il met en évidence
Que tout sujet de France doit être Citoyen.

Bouillant, chaud comme braise, le bourgeois de Paris
Adresse à Louis Seize les plus pressans écrits
Lui disant dans son trouble : Notre crainte redouble
De voir au champ de Mars des troupes étrangères,
Arborant leurs banières, pavillons, étendards.

Une bande indocile de gens séditieurx
Se portent dans la ville comme des curieux
Mettant tout au pillage dans un accès de rage
Qu'on ne peut concevoir, pillant grain et farine,
Pour causer la famine, comme le désespoir.

L'affligeante nouvelle du départ de Necker
Donne l'essor au zèle du peuple qui le perd
Tout est dans les allarmes, chacun s'écrie aux armes
L'on tremble pour Paris ; au moment où nous sommes
Plus de deux cens mille hommes, sur pied se trouvent mis.

Le Bureau de la Ville arme tout citoyen
Gens d'une espèce utile, et braves gens de bien :
Pour découvrir les traîtres, on se rend bientôt maîtres
Des lettres et paquets. Le premier que l'on ouvre
Heureuseemnt découvre le plus noir des forfaits.

L'on fut à la Bastille, parler au gouverneur.
Pour qu'il nous soit utile dans ce prochain malheur
Vingt milliers de poudre, dit-il, peut nous résoudre,
A nous mettre à couvert. Aujourd'hui par nos armes,
Vous et tous vos gendarmes, feraient sauter en l'air.

Nos bourgeois intrépides, vont, remplis de valeur,
L'hôtel des Invalides, se rend avec honneur ;
L'on trouve en cet asyle au moins quinze à vingt mille
Fusils et mousquetons, des bombes, des grenades,
Espontons, hallebardes, des mortiers et des canons.

R'tournant à la Bastille avec tous ces renforts, Delaunay
S'entortille et fait de vains efforts ; bientôt il fait entendre
Qu'il consent à se rendre il fait baisser les ponts ; la
bourgeoisise entrée, soudain est massacrée par le feu des canons

Un bourgeois de courage, le fameux sieur Hulin, les gardes
Il encourage par un discours divin, criant, chers camarades,
Citoyens prenons garde à ne laisser périr et massacrer
Nos frères dans cette carrière, il faut vaincre ou mourir.

Histoire chantée de la 1ère République 1789 à 1799 Louis Damade Paris 1892- Clé du caveau n°1051

Cette chanson relate les événements qui ont amenés à la prise de la Bastille. Delaunay en était le gouverneur. Au lieu de se rendre, il a préféré résister. Il est intéressant de noter que dans ce texte la prise de la Bastille est attribuée aux bourgeois et non au peuple en général.




 
Couplets sur la cocarde nationale
18 juillet1789


paroles de Mercier
air de : On compterait les diamants


J'admire la variété
De ces rubans, de cette aigrette,
Dont le citoyen exalté
Embellit à l'envie sa tête.
Emblême de l'égalité
Une cocard'est sa marotte ;
Le Savoyard march'à côté
Du gentilhomme qu'il décrotte (bis)

Chaque citoyen est guerrier,
Cœur, fortune, amour, tout le lie,
Chacun arbore le laurier
Comme vengeur de la patrie ;
Tous sont frères, tous sont égaux,
L'astre de la liberté brille,
Et la France, oubliant ses maux,
Ne forme plus qu'une famille. (bis)

Des fléaux de la nation
Pour chasser la horde funeste,
Il n'a fallu que l'union
Du bleu, du rouge et du céleste ;
Le blanc annonce la candeur
D'âme vraiment républicaine ;
Le bleu fait présager au cœur
Une existence plus sereine. (bis)

Reste le rouge, mais comment
Lui trouverai-je une origine ?
M'y voici, c'est que, sûrement,
Les fleurs viendront après l'épine ;
Peut-être encore, sexe charmant,
Chaque preux, défendant ta cause,
A voulu porter galament
Ta couleur en prenant le rose. (bis)

Femmes exaucez donc un vœu
Dicté par le patriotisme ;
Au blanc assortissez le bleu
Et partagez notre héroïsme ;
Que de leurs festons ondoyans
La goût décore vos coëffures ;
La cocarde de vos amants
Doit se faire avec vos ceintures. (bis)

histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

Le 17 juillet 1789, Louis XVI se rend à Paris, il est accueilli à l'hôtel de ville par Bailly et La Fayette. Le Roi arbore à son chapeau la cocarde que lui remet Bailly.
La signification des couleurs est variable. On peut la lire de plusieurs manières :

  • Le bleu et le rouge, couleurs de Paris, encadrent et contrôlent le blanc, couleur du Roi.
  • Le blanc, des gardes français ralliés à la Révolution est associé au bleu et rouge de la milice de Paris
  • La cocarde est devenu l'un des symboles de la République et de l'Etat français.




     
    O filii national

    air de : O filii et filiae


    Français enfin vous triomphez,
    Les noirs complots sont étouffés
    Et votre honneur subsistera.
    Alléluia.

    Avoient ensemble résolu
    D'avoir votre dernier écu
    Et de vous endosser le bât.
    Alléluia.

    Cette gueuse de Polignac
    Comptoit bien remplir son sac,
    La chambre noire en crèvera.
    alléluia

    Vous n'entendez plus crier
    Linguet, canard de ce bourbier.
    Désormais, il y pourrira.
    Alléluia.

    Jouant Dieu, vos hauts calotins
    De leurs plus perfides venins
    Croyont empoisonner l'Etat.
    Alléluia.

    A saint Tartuffe, leur patron,
    Ils avoient fait vœu, ce dit-on,
    D'agir en fils de Loyola.
    Alléluia.

    Aussi leur très digne moteur,
    La croix en main, avec ferveur,
    Sa doctrine au roi débita.
    Alléluia.

    Vos beaux messieurs les baladins
    Vouloient vous traiter en gredins.
    Mais on leur a dit, halte-là.
    Alléluia.

    Honneur, honneur aux esprits forts
    Qui rendent nuls tous les efforts ;
    Leur nom à jamais survivra.
    Alléluia.

    Bailly, Targer, Jaller, Dillon,
    Grégoire, le brave Crillon,
    Lally et nos dignes prélats.
    Alléluia.

    Mirabeau, Rabund, Chapellier,
    Barnave, Sieyès et Le Monier,
    Sur le marbre, on vous gravera.
    Alléluia.

    A Necker, réservons l'airain ;
    C'est lui qui d'une habile main
    tous ces miracles prépara.
    Alléluia.

    Pour d'Orléans et son parti
    Brûlons l'encens, car, Dieu merci,
    Avec le temps, tout se fera.
    Alléluia.

    Pour couronner un si beau jour,
    Il nous faut des brigands de cour
    Faire un fagot qu'on brûlera.
    Alléluia.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892



     
    Chanson de 1789

    air de : O filii et filiae


    Notre saint Père est un dindon
    Le calotin est un fripon,
    Notre archevêque un scélérat.
    Alléluia.

    Ces malheureux ont arêté
    Les bienfaits de sa majesté ;
    Tôt ou tard il en périra.
    Alléluia.

    A quoi sert la confession,
    Ainsi que l'absolution ?
    Le Seigneur nous la donnera.
    Alléluia.

    Le clergé s'est bien entêté,
    Le pain a toujours augmenté,
    Mais Necker le diminuera.
    Alléluia.

    Ils ont caché tous leurs trésors,
    Empilés dans des coffres-forts.
    Mais bientôt on les trouvera.
    Alléluia.

    Grand Dieu ! Mettez fin à nos maux,
    Délivrez-nous de ces corbeaux ;
    Nous chanterons des libera.
    Alléluia.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

    Deux choses dans cette chanson. La première témoigne des luttes sur le plan de la doctrine religieuse. La deuxième met en parallèle la cherté du pain et les accapareurs. Le peuple a confiance en Necker, et met en garde les accapareurs.




     
    L'abolition des privilèges
    air de : Avec les jeux dans le village


    Enfans d'un vrai peuple de frères
    Gouverné par les mêmes lois,
    Sous l'empire heureux des lumières
    Jouissez tous des mêmes droits :
    Non, la liberté n'est qu'un piège.
    Par l'avare orgueil apprêté,
    Tant que le mot de privilège
    Blesse la sainte égalité. (bis)

    Amour sacré de la partie,
    Vertu la plus chère aux grands cœurs,
    Tu fais, dans une âme flétrie,
    Naître les plus nobles ardeurs :
    Ces êtres, esclaves vulgaires
    Des préjugés et des abus,
    Aussitôt que tu les éclaires,
    Deviennent des Fabricius. (bis)

    Oui, je l'ai vu ce grand miracle
    Ici s'opérer à mes yeux :
    Qu'il est bien digne spectacle
    De frapper le regard des dieux !
    O nuit d'immortelle mémoire,
    Nuit que consacre notre amour,
    Tu dois aux fastes de l'histoire
    L'emporter sur le plus beau jour. (bis)

    Dans cet auguste aréopage
    Soudain se lèvent les vertus ;
    A l'instant le combat s'engage
    Contre les antiques abus :
    Pour avoir part à la victoire,
    Développant tous ses moyens,
    Chacun n'aspire qu'à la gloire
    Des plus grands héros citoyens ! (bis)

    Jamais l'infâme despotisme
    N'osera souiller nos regards.
    Comme aujourd'hui si le civisme
    Brille toujours dans nos remparts ;
    Songeons qu'il conserve et féconde
    Le bien, sans lui trop incertain,
    Que pour le bonheur de ce monde
    Peut enfanter l'esprit humain. (bis)

    Ce monde entier qui nous contemple
    Brûle ici de nous imiter ;
    L'honneur de lui donner l'exemple
    Est bien fait pour nous exalter :
    Prouvons-lui que de l'esclavage
    Qu'il voit à nos pieds abattu,
    Qui triomphe par le courage
    S'en préserve par la vertu. (bis)

    Que notre accord inébranlable
    Offre, législateurs unis,
    Une barrière insurmontable
    Aux efforts de nos ennemis :
    Contre eux, d'une ardeur peu commune,
    Que chaque orateur transporté
    Lance du haut de la tribune
    Les foudres de la vérité. (bis)

    Sages, que la France rassemble
    Pour concourir à son salut,
    Unissez vos moyens ensemble,
    N'ayez jamais qu'un même but :
    Aux principes toujours fidèles,
    Tous n'ayez jamais qu'un seul cœur ;
    Voilà les bases éternelles
    De sa gloire et de son bonheur. (bis)

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892

    A Versailles les députés, tant bourgeois que nobles, sont inquiets à cause de la Grande Peur et pour mettre un terme aux attaques de châteaux, dans une atmosphère de peur et d’enthousiasme, à deux heures du matin, dans la nuit du 4 Août 1789, l’Assemblée Constituante vote l’abolition des privilèges, des droits féodaux et de la dîme.
    Ces privilèges étaient des droits hérités et le symbole d’appartenance à la noblesse. Ils étaient pour les paysans qui les subissaient, humiliants et économiquement insupportables. Il fallut pratiquement 4 ans après la date symbolique du 4 Août avant qu’ils ne soient définitivement abolis. Et ils ne le furent pas pour des raisons philanthropiques mais par nécessité, la Convention ayant besoin du plus grand soutien possible.
    Le premier vers du deuxième couplet, se retrouve tel quel dans la Marseillaise.




     
    La déclaration des droits de l'homme
    paroles de Tomas Rousseau
    air de : Philis demande son portrait


    Généreux et braves François,
    En vantant son courage,
    Chantez les immortels bienfoits
    De votre aréopage.
    Il s'élance à pas de géants,
    Dans sa vaste carrière
    Et rend à l'homme en débutant
    Sa dignité première.

    Prenant de tes augustes lois,
    Pour base la plus sûre,
    Tous les imprescriptibles droits
    Qu'il tient de la nature,
    Tu vas, sage législateur,
    Que j'aime et que j'admire,
    De ces lois saintes dans son cœur
    Eterniser l'empire !

    Ces droits qu'ici tu reconnois
    Sont inaliénables ;
    En France comme au Paraguay
    Ils sont impérissables :
    Apprends au despote cruel
    Qu'en traits ardens de flammes,
    Le doigt sacré de l'Eternel
    Les grava dans nos âmes !

    Oui, tous les hommes sont égaux,
    Et leurs droits sont les mêmes ;
    On ne distingue les héros
    Qu'à leurs vertus suprêmes ;
    Mais la loi qui vous pèse tous
    Dans sa juste balance,
    Mortels ne doit mettre en vous
    Aucune différence !

    Vivre libre est le premier bien
    Aux champs comme à la ville ;
    Partout on doit du citoyen
    Respecter l'humble asile ;
    Qu'un vil tyran ose tenter
    D'en faire sa victime,
    Il peut s'armer et résister
    A quiconque l'opprime.

    Dès qu'à mon prochain respecté
    On ne me voit pas nuire,
    Rien, ô ma chère liberté !
    Ne peut te circonsrire :
    Quand la loi parle, à son décret
    Je cède à l'instant même ;
    Mon plaisir, dès qu'elle se toit,
    Est ma règle suprême.

    Je puis désormais en tout lieu,
    Fidèle à ma croyance,
    Adorer et servir mon Dieu
    Suivant ma conscience,
    Ferme dans mon opinion,
    Et sans crainte des pièges,
    Braver de l'inquisition
    Les fureurs sacrilèges.

    Aujourd'hui libre de tes fers,
    Quel pays, riche France,
    Pourroit sur toi, dans l'univers,
    Avoir la préférence !
    Ailleurs on chercheroit en vain
    Le sort le plus prospère ;
    Le bonheur n'est que dans ton sein
    Ou n'est pas sur la terre.

    histoire chantée de la 1ère République. 1789 à 1799. Louis Damade, Paris, 1892 - clé du Caveau n°449

    La déclaration des droits de l'homme est un texte fondamental. Par lui, les législateurs français dépassent le simple cadre territorial et temporel de la France. Ce texte a une valeur universelle. Il concerne bien plus que les Français, et il n'a pas d'âge.
    Peu importe l'endroit et le moment. Ces lois existent, un point c'est tout. Rien ni personne ne peut les changer ou les détruire.
    Les lois naturelles sont imprescriptibles, certes. Leur application est une autre histoire. Elles sont forcément génantes pour quiconque détient le pouvoir. Si les Révolutionnaires peuvent être fiers du texte de la Déclaration, il n'en est pas de même de ce qu'il en ont fait. L'exemple le plus frappant étant celui de l'esclavage. La Déclaration date de 1789, la première abolition date de 1794. Et encore, cette abolition n'eut lieu que dans le seul but de ne pas perdre Saint Domingue, où les esclaves avaient mené, avec succès, leur propre Révolution.



     
    Enfin v'la donc que le Roi
    sur l'air de "Catiau dans son galetas"


    Enfin v'la donc que le Roi
    Sapergué ! quitte Versailles
    Pour v'nir à Paris tout droit
    S'installer loin d'la canaille.
    La reine est venue aussi
    Accompagnée de leurs petits. (bis)

    Paraît qui r'fusait d'venir
    Et dansait sur nos cocardes,
    Alors il fallut l'quérir
    Et abatr' quinze ou vingt gardes.
    A la vue de nos canons
    Il devint doux comme un mouton. (bis)

    Nous l'peupl', je somm's ben content
    Que le roi soit dans notr'ville,
    J'suis pas plus rich'pour autant,
    J'ai qu'deux liardds dans ma sébile ;
    Mais j'pouvons dire qu'avec lui,
    Je possédons toujours un louis. (bis)

    Maint'nant qu'il est à Paris
    Et qu'il boira l'eau d'la Seine
    Le roi tout ragaillardi,
    F'ra l'amour à notr'souv'raine,
    Pour lui mettr', comm' dit l'curé,
    Un enfant d'chœur dans l'bénitier. (bis)

    Le cabaret de l'histoire, Guy Breton Presse de la Cité

    Cette chanson parle des journées d'octobre, où la famille royale est ramenée à Paris. La canaille du premier couplet est, bien sûr, la cour de Versailles. C'est la canaille qui a foulé à ses pieds la cocarde tricolore, lors du banquet qui a provoqué la colère des Parisiennes, alors qu'à Paris, le pain est rare.
    Le Roi, éloigné de la mauvaise influence des courtisans, et placé sous la bonne influence de son peuple, redeviendra un homme. C'est au moins ce que laisse entendre le dernier couplet.